Stade rennais / Bruno Genesio : « Je pense que mon groupe a besoin d’amour »

Bruno, Martin Terrier est-il prêt à démarrer le match contre Strasbourg ?
J’aimerais qu’on arrête de me poser cette question. S’il ne démarre pas, c’est que j’estime qu’il n’est pas encore prêt. C’est notre meilleur joueur donc si je ne le fais pas démarrer, c’est qu’on estime qu’il n’est pas prêt. Il est en grand progrès, il avance bien, il est sur le bon chemin.

Peut-on considérer que le fait d’avoir mis quasiment la même équipe qu’à Lorient contre le Panathinaïkos est un acte de management fort de votre part ?
C’est d’abord un signe de confiance. Il y en a eu d’autres, avec une causerie un peu différente de ce que je fais habituellement. Je pense que mon groupe a besoin d’amour, de confiance. Je n’avais pas été très bon à la mi-temps contre Lorient, ce que j’ai recherché n’a pas eu l’effet souhaité. Il faut savoir se remettre en question. J’ai un groupe qui a besoin qu’on leu apporte un peu plus de soutien. J’ai donc beaucoup, beaucoup insisté là-dessus avant le match du Pana.

Vous les aviez tancé à la pause contre Lorient ?
Un peu, oui.

Ce management qui laisse beaucoup de place à l’empathie, la confiance, c’etait aussi à double tranchant en cas de défaite derrière.
(Rires.) De toute façon, quand on perd, tout le monde tombe sur l’entraîneur, c’est comme ça, sinon il faut faire un autre métier. Je suis content d’avoir vu ce visage au Pana. Ce n’est peut-être pas notre meilleur match en termes de contenu et de qualité, mais j’ai vu des attitudes que je n’ai pas vu depuis que je suis à Rennes et qui m’ont plu. Ça veut dire que le groupe vit, c’est important.

« J’ai vu des attitudes que je n’ai pas vu depuis que je suis à Rennes et qui m’ont plu. Ça veut dire que le groupe vit, c’est important. »

Arnaud Kalimuendo nous en a parlé juste avant en avouant qu’il ne savait pas trop de ce qui leur avait pris. Ça peut être un déclic ?
C’est aussi la dynamique du match qui fait ça. En face, on avait également une équipe pas mal dans ce domaine. On s’est dit qu’on était pas plus bêtes que les autres. Ça fait aussi partie du haut niveau. J’ai vu des attitudes révélatrices de l’état d’esprit qui régnait pour ce match. Il faut le faire perdurer.

Vous pensez par exemple à l’accrochage entre Matić et Belocian pendant la rencontre ?
Pour moi, ce n’est pas un accrochage, c’est un acte d’amour de Nema pour Jeanu. Je le pense vraiment, je ne le dis pas pour faire de la démagogie. Quand vous faites attention aux gens, c’est que vous les aimez. Quand vous ne parlez plus à quelqu’un, ce n’est plus très bon signe. C’est un vrai acte fondateur. Ce qui est intéressant, c’est la deuxième mi-temps de Jeanuel qui a été très bonne. Ça veut dire qu’il a le caractère pour surmonter ça. Et ça fait partie du haut niveau, où ce n’est pas le monde des bisounours. C’est la première fois que je le vois à Rennes.

Ce match peut être un acte fondateur pour Jeanuël Belocian. Est-ce que ça ne va pas poser un souci dans le choix entre lui et Arthur Theate à ce poste ?
La concurrence fait partie du très haut niveau. Ceux qui ne l’acceptent pas, il faut qu’ils aillent ailleurs, car on est dans un club où les objectifs sont très élevés. C’est le cas dans ces clubs : il y a de la concurrence, des bons joueurs à tous les postes et à partir du moment où elle est jsute, on ne doit pas la subir, mais l’accepter et tout faire pour qu’elle tourne en notre faveur.

« La concurrence fait partie du très haut niveau. Ceux qui ne l’acceptent pas, il faut qu’ils aillent ailleurs, car on est dans un club où les objectifs sont très élevés. »

C’est votre troisième saison entamée à Rennes, êtes-vous attentifs au fait de se renouveler dans votre discours auprès de vos joueurs ?
Quand on joue tous les trois jours, il faut essayer de se renouveler dans les causeries. C’est surtout de trouver le bon angle qui correspond à la période, au contexte du moment. Il y aussi tout ce qu’on fait au quotidien qui impacte le groupe : notre attitude, le langage verbal et non verbal. Ce sont des choses auxquelles on doit faire très attention, nous le staff mais aussi tout le club, jusque dans les services administratifs, car c’est communicatif. Peut-être que depuis le début de saison, on a eu quelques attitudes qui n’ont pas mis les joueurs dans les meilleures conditions possibles, en tout cas mentales.

C’est-à-dire ? Quelles attitudes ?
Ça peut être dégager du stress. Quand vous êtes dans une période difficile et c’est le cas, perdre trois matchs à Rennes, ce n’est pas une bonne période, vous pouvez dégager du stress par ce que vous dites ou dans votre façon de se comporter. Je pense que ce n’est pas bon. On doit être capables d’avoir une attitude qui reste positive, résiliente, combattante.

Tout ça est-il aussi lié à l’exigence qui va crescendo à Rennes ces dernières années ?
C’est normal ça. Plus les objectifs sont importants, plus les moyens sont importants et plus il y a une attente. Quand celle-ci ne correspond pas aux résultats, il peut y avoir des critiques, des tensions. Si on veut sortir de ça, on doit afficher une attitude à contre-courant, même si on en est conscients. Sinon, on s’enfonce en tant qu’équipe et on se relève pas. Après le match contre Lorient, je n’ai pas un nez rouge pour faire un spectacle de clown le lendemain, mais je dois voir ce qui a été positif, corriger ce qui n’allait pas, responsabiliser les joueurs et montrer que je suis au milieu d’eux et non pas au-dessus ou en-dehors.

« Il y a zéro problème ni avec Flo, ni avec le président, ni avec les propriétaires qui étaient encore présents hier après-midi. »

Quel impact ce mauvais début de saison a-t-il pu avoir sur votre relation avec Olivier Cloarec et Florian Maurice ?
On m’a rapporté un tweet sur un éventuel problème entre Florian et moi et une fin de cycle dans lequel je pouvais être aux yeux de mes dirigeants. Je n’ai pas senti ça du tout, il n’en n’a jamais été question. Qu’on ait des différences de point de vue sur des analyses, des joueurs, le recruement, c’est normal, sinon on ne le travaille pas. Il y a zéro problème ni avec Flo, ni avec le président, ni avec les propriétaires qui étaient encore présents hier après-midi. C’est une chance d’avoir des propriétaires présents physiquement et qui vivent au rytme des résultats du Stade rennais.

On imagine qu’il faut maintenant une victoire contre Strasbourg pour maintenir ce retour au calme et à la sérénité.
Il y a des choses qu’on maîtrise, d’autres pas. Quand les résultats ne sont pas ceux attendus, c’est normal qu’il y ait autour de nous des remous, mais on doit être plus forts que ça. Ce qui doit nous animer, ce n’est pas d’aller tout de suite sur le téléphone pour avoir notre note, ce qui se dit sur Twitter. Ce qui doit nous animer, c’est de faire notre autocritique, s’évaluer et donner le meilleur de nous-mêmes pour l’équipe. Pour l’équipe. Finalement, avoir ce réflexe c’est très égoïste. Qu’est-ce qui compte ? C’est que l’équipe marche bien, c’est l’affaire de tout le monde : joueurs, staff, dirigeants, propriétaires. C’est votre métier de critiquer, évaluer, encenser, mais on ne le maîtrise pas et on doit vivre avec ça. Ce qu’on maîtrise, c’est ce qu’on peut faire individuellement et collectivement pour améliorer l’équipe.

Ce qu’on fait Gouiri et Kalimuendo jeudi soir, par exemple.
Oui mais pas qu’eux. J’ai vu une équipe qui a fait beaucoup plus, même si comparé à la première mi-temps de Lorient dans le jeu, je ne peux pas dire que c’était meilleur face au Pana. Mais dans le supplément d’âme, dans les courses, dans l’agressivité, dans l’envie de garder ce résultat jusqu’à la dernière seconde. On a eu des moments difficiles dans ce match, on a su les surmonter et ce n’est pas le hasard. Le ballon détourné sur la barre par Steve, ce n’est pas le hasard. Je me tue à leur que c’est parce qu’on le mérite. Ce qu’on a dégagé après Lorient a pu les aider, mais ce sont eux les responsables et les premiers à féliciter.

Au niveau du jeu, on a cette impression qu’il y a un Rennes avec et sans ballon.
Je lutte contre ça aussi. Je pense qu’on provoque certaines choses quand on y pense trop. Par exemple, si je me dis que j’ai du mal face à des joueurs de petit gabarit vifs, il y a de grandes chances pour que ce soit le cas une fois devant ce type de joueur. C’est une barrière dans la tête. Dans mon discours au début de saison, en disant qu’il fallait être plus solides et perdre moins de matchs, j’ai peut-être été trop alarmiste et ça a eu un impact sur mon équipe. C’est là-dessus qu’on doit travailler. On concède des occasions jeudi, mais on a montré de la solidité. C’est la même démarche qui doit nous animer : être conscients de nos manques et de ce qu’on doit améliorer, sans que ça devienne quelque chose d’ancré négativement dans nos têtes au point de subir les évènements.

« On doit être conscients de nos manques et de ce qu’on doit améliorer, sans que ça devienne quelque chose d’ancré négativement dans nos têtes au point de subir les évènements. »

Vous parlez beaucoup de l’aspect mental depuis le début de saison. Comment travaillez-vous là-dessus pour permettre aux joueurs de se mettre au niveau des ambitions du club ?
C’est une travail que l’on doit faire tous les jours, d’abord sur soi. Si je suis en train de vous dire qu’il faut donner confiance à mes joueurs et qu’il se dégage du stress, de l’anxiété, des réflexions négatives, ça va être compliqué. On a la chance d’avoir des spécialistes au sein du club. C’est un travail que l’on doit faire sur nous. Dans le sport de très haut niveau, c’est une part très importante de la performance. J’ai aussi un groupe d’excellents joueurs, donc quand les résultats ne sont pas là, c’est qu’il y a d’autres raisons. Les gars n’ont pas les pieds carrés, les statistiques athlétique sont bonnes… Ça peut être tactique, mais je n’ai pas l’impression qu’on soit dominé tactiquement sur nos matchs perdus. Et ça peut être mental, je pense que le problème est essentiellement lié à tout ça, entre l’annonce des objectifs qui a pu mettre une pression sur certains, le fait de dire qu’on doit ête plus solides, ça a ancré qu’on ne l’était pas suffisamment. Je prends l’exemple du but de Kali, on ne réfléchit pas dans ces moments-là, c’est de l’instinct. Si dans les attitudes, les déclarations, on favorise autre chose, je ne suis pas sûr que Kali tente ce geste.

Vous parlez beaucoup de psychologie depuis toute à l’heure…
On a un staff qui est très compétent, très étoffé, qui nous mâche beaucoup le travail. L’essentiel du notre, il est dans le management et la façon dont on amène notre équipe mentalement pour atteindre les objectifs. Vous avez des joueurs qui jouent, d’autres qui ne jouent pas et estiment qu’ils devraient plus jouer… Il faut savoir le gérer et le mettre comme un réalisateur met des images pour faire un film.

À quoi s’attendre pour ce match face à Strasbourg ?
Ils ont fait un bon début de championnat, ils sont dans une période un peu difficile. Ils ont une équipe jeune. Le fait qu’ils soient estampillés Chelsea fausse les analyses. Ça reste une équipe difficile manœuvrer, ils vont peut-être jouer bas, je ne sais pas ce que va mettre en place Patric. On est habitué à ça et ce sera à nous de trouver les solutions, on a les moyens et les qualités pour le faire.

La charnière Omari-Belocian a été titularisée lors des deux derniers matchs. Qu’est-ce qui vous plait dans cette paire et en quoi sont-ils complémentaires ?
Jeanu a un leadership naturel, malgré son très jeune âge, qui fait beaucoup de bien à Warmed, dont on connaît les qualités : vitesse, lectue du jeu, capacité à ressortir les ballons. Je trouve que Jeanu a un côté défenseur assez rare aujourd’hui, c’est quelqu’un qui aime défendre. Ce qui le résume le mieux, c’est les deux contres en fin de match. C’est une mentalité de joueur qui aime défendre, qui a envie de protéger le gardien, son but et son équipe.