Quel avenir pour Esteban ?
Publié le 8 août 2007 à 13h22 parArrivé avec l'étiquette involontaire de « sauveur » de l'attaque rennaise, Julian Esteban connaît depuis les pires difficultés à se faire une place dans l'effectif breton. Entre renforcement musculaire, blessures et concurrence acharnée, l'international espoir suisse est à l'aube d'une saison qui pourrait s'avérer décisive quant à son avenir en rouge et noir.
À son arrivée à Rennes, Julian Esteban est attendu. Très attendu.
L’attaque rennaise orpheline d’Alexander Frei peine à trouver la bonne carburation, et manque cruellement d’efficacité. Recruté avant même le mercato d’hiver, Esteban possède avec le Servette des statistiques affolantes de buteur et de passeur. Les plus sceptiques avancent cependant, et à raison, que le joueur n’évolue qu’en D2 suisse, mais la jurisprudence Marco Grassi qui veut que les attaquants helvétiques réussissent bien à Rennes prévaut.
Pierre Dréossi a beau évoquer « un pari sur l’avenir » pour tempérer cet enthousiasme, on attend beaucoup de lui, beaucoup trop.
Soumis à réserve(s)
Dans la grisaille de l’hiver, Esteban fait ses débuts en CFA. Victime d’une légère blessure qu’il doit soigner, il doit attendre le 20 janvier et un déplacement de la réserve à Concarneau pour jouer son premier match, et marquer son premier but, d’une belle frappe lointaine.
Une semaine plus tard, sous l’œil de Stade Rennais Online, il dispute un match amical, toujours avec la réserve, contre l’AS Vitré, avec cette fois une passe décisive pour Jirès Kembo Ekoko à la clé. Si le résultat est là, la manière était pourtant absente et l’impression donnée reste terne.
Esteban cherche alors encore ses marques, c’est entendu, mais handicapé par les lourdes charges de travail physique, il ne peut donner la pleine mesure de son talent.
« Ce que je dois travailler le plus, c’est le physique. Sur ce point, le niveau du championnat de France est très élevé. Vu de Suisse, j’avais l’impression que le niveau physique était le même mais rien qu’à l’entraînement, je me rends bien compte de la différence. Il faut que je sois plus costaud et plus endurant. Tout cela viendra avec l’accumulation des entraînements qui sont d’une grande intensité. Je passe également beaucoup plus de temps en salle de musculation. Mais il faut être patient car cela ne vient pas en deux semaines », explique t-il fin février sur le site officiel du Stade Rennais [1].
Ni en deux semaines, ni en quatre. Lors de la plupart de ses matches de CFA, Julian Esteban paraît en-dessous de ses partenaires de l’attaque, et ne marque pas, ou très peu. Il met pourtant son jeu au service du collectif en redescendant régulièrement aider son milieu de terrain, mais les critiques commencent à pleuvoir sur celui qui fut très (trop) attendu par les supporters. Début mars, il fait quand même ses débuts en Ligue 1, jouant une fin de match à Auxerre, preuve de la confiance de Dréossi.
Une blessure bien mal venue
Mais alors que son rendement commence à s’améliorer, il se blesse lors d’un début de match avec la réserve, fin mai. Verdict ? Fracture de la clavicule, et opération à la clé. Une blessure peu courante pour un footballeur, mais qui met en tout cas à mal sa préparation pour la saison à venir.
Handicapé pour deux mois, Julian Esteban ne peut donc pas effectuer la préparation au mieux. Quand on sait que la pré-saison est traditionnellement une période extrêmement importante en termes de préparation physique, il semble que la malchance se soit abattue sur le jeune suisse.
Où en est-il aujourd’hui ? Il semble s’entraîner normalement, sa clavicule s’étant sans doute assez consolidée pour pouvoir supporter les chocs. Julian Esteban a d’ailleurs disputé son premier match dimanche dernier, en amical avec la réserve contre Le Mans, jouant près de 80 minutes. Encore aligné (passeur décisif et buteur) contre l’ES Sétif ce mercredi en match d’entraînement, il devrait donc en toute logique être du déplacement à Valenciennes pour la première journée du CFA dimanche prochain… à moins – surprise du chef – de ne prendre place sur le banc du Stade Vélodrome samedi soir.
Incertitudes et concurrence
L’avenir d’Esteban reste incertain. Si un prêt en Suisse a été évoqué – via une rumeur qui l’envoyait à Saint-Gall – cela est pour l’instant resté sans lendemain. Dommage car un retour dans son pays natal lui assurerait une bonne exposition en vue de l’Euro 2008, et lui donnerait plus facilement du temps de jeu.
Car à Rennes, la concurrence est exacerbée en attaque, et à tous les niveaux. Briand, Pagis, Kembo Ekoko, Moreira, Sow, Badiane… autant de joueurs capables d’évoluer aux avants-postes, sans compter le joueur que Pierre Dréossi veut recruter (Emerson ? Wiltord ?).
En CFA aussi, il y a foule en attaque. De nombreux jeunes attaquants arrivent, et méritent d’avoir du temps de jeu. Lasimant, Le Tallec, Moukandjo… tous ont du talent à revendre, et une bonne expérience du CFA ne serait pas pour nuire à la suite de leur carrière.
Bref, beaucoup de facteurs qui se dressent comme autant d’obstacles pour Esteban. Et la perspective de le voir jouer l’Euro 2008, dans son pays, aux côtés d’Alexander Frei pourrait s’évanouir au fil de la saison. Pour notre international espoir helvétique, la saison 2007-2008 pourrait bien être celle des grandes désillusions… ou à l’inverse celle de l’épanouissement