Du jeu à la nantaise au jeu à la rennaise ou le témoin du « rêve espéré »

Publié le 2 décembre 2006 à 16h15

Consultant radio pour France Bleu Armorique, Jean-Marc Mézenge nous livre en tant que témoin privilégié son point de vue sur les destins croisés des deux clubs phares de l'Ouest, le Stade Rennais FC et le FC Nantes-Atlantique.

En 1996, j’ai eu la chance de passer mon diplôme de formateur au FC Nantes-Atlantique, après avoir eu des fonctions de formateur et d’entraîneur-adjoint au Stade Rennais FC.

Je suis donc un témoin privilégié de l’évolution du jeu à travers les deux clubs phares qui, ce soir, s’affrontent pour un derby « à haut risque ».

À la fin des années 90, le temple de la politique de formation « à la française » se situait sur les bords de l’Atlantique. De plus, au printemps 1995, l’équipe de Coco Suaudeau venait de remporter un nouveau titre de champion de France avec un record d’invincibilité à la clé (32 matches sans défaite). Les Karembeu, Ouédec, Pédros, Loko et autres Makélélé enchantaient l’hexagone et l’Europe du Football.

J’entrais donc dans les coulisses de la maison jaune et verte sous la tutelle de Raynald Denoueix, le maître des lieux.

À l’orée des années 2000, le druide garant du style et du « jeu à la
Nantaise » ajouta trois titres à son club de cœur (champion de France 2001 et deux coupes de France en 1999 et 2000).

Je vivais à cette période un rêve d’éducateur, de formateur et d’entraîneur. J’accédais au graal !

Pendant ce temps, le Stade Rennais FC commençait sa lente mais constante progression et, ce, à tous les niveaux.

Patrick Rampillon et son équipe bonifiaient les structures de formation et s’appuyaient sur les différents entraîneurs et politiques techniques qui se succédaient.

La quête rennaise à la reconnaissance et à la suprématie était en marche.

L’ère Kéruzoré, dont j’ai été un des acteurs et le témoin, a été le socle d’une volonté ambitieuse et l’embryon d’une « culture football propre aux Rennais ».

De Raymond Kéruzoré hier, à Pierre Dréossi aujourd’hui avec son management original basé sur une délégation de compétences, en passant par Michel Le Millinaire, Yves Colleu, Guy David, Paul Le Guen, Christian Gourcuff, et plus récemment, Vahid Halilhodzic, Laszlo Bölöni, ils ont, tous, apporté une pierre à l’édifice, mais aussi, leur touche sur l’évolution du jeu rennais.

La traçabilité n’est peut être pas visible au premier abord mais dans l’observation pointue et analytique des dernières rencontres, je me remémore les principes de jeu et la vision prospective de Raymond, le coaching humaniste et enthousiaste de Mimi (surtout à domicile), la rigueur et l’organisation de Paul, les idées et la réflexion de Christian, la discipline et l’autorité de Vahid, la malice de Laszlo et la modernité de Pierre.

Voilà pourquoi aujourd’hui, avec une multitude d’origines et de sensibilités footballistiques, le jeu des « Rouge et Noir » cherche toujours et encore à progresser en constance et consistance (surtout offensive) pour « gagner », mais aussi s’identifier, de façon consciente ou inconsciente, à une attente, un espoir et pourquoi pas un « savoir-faire maison ».

De l’avis de beaucoup de spécialistes (dirigeants, joueurs, entraîneurs, journalistes), le Stade Rennais, dans sa globalité, a rattrapé son retard et même dépassé son voisin Nantais.

Au début des années 2000, un centre d’entraînement « hi-tech » et un stade « new look », digne des plus grands clubs français, voire européens, donnaient une dimension et un statut supplémentaires aux ambitions des décideurs bretons.

Aujourd’hui, Rennes aspire à prendre (de gré ou de force) le relais des canaris victimes d’un tsunami qui a balayé les fondations politico-économico-sportives et l’héritage du « jeu à la Nantaise ».

Alors, force est de constater que, ce soir, l’enjeu est comptable, bien évidement, mais aussi l’enjeu est le « jeu » pour conquérir un label que tous les Rennais espèrent proche de celui qui les enchantait, il y a encore quelque années, du côté du Stade Marcel Saupin et ensuite « à la Beaujoire ».

À l’issue de la rencontre, « malheur au vaincu » mais la comparaison des styles sera inévitable pour les puristes, les amoureux du « jeu de football ».

C’est peut-être ça la nostalgie, « le rêve espéré » du côté de la Route de Lorient pour solidifier un Stade Rennais vif en couleurs, en émotion et en charisme... avec quelques lignes supplémentaires à son palmarès. Cela ne ferait pas de mal.

La Coupe de Ligue arrive à grands pas et fortifie cette conquête.

Alors, allez Rennes et merci Nantes !

Stade Rennais - Nantes

L’avant-match : Du jeu à la nantaise au jeu à la rennaise ou le témoin du « rêve espéré »
La feuille de match : Rennes enfonce un peu plus Nantes
La vidéo : Stade Rennais FC 2 - 0 Nantes-Atlantique
L’ambiance : Stade Rennais - Nantes vu des tribunes