Lens - Stade rennais : l’oeil de Théo Rauzy

Après un mois de décembre délicat et une élimination en Coupe de France face à Nancy, le Stade rennais disputait un match sous pression hier soir face à Lens pour sortir d’une spirale négative. Malheureusement, la défaite logique (1-0) subie sur la pelouse de Bollaert ne rassurera pas joueurs, staff ni supporters.

« Ce soir on n’a pas joué en équipe. C’est un non match ». Si les mots de Bruno Genesio laissent sous-entendre (sûrement à juste titre) que la faillite d’hier est avant tout liée à un manque d’envie collective, essayons de trouver quelques pistes supplémentaires pour expliquer la piètre prestation Rennaise hier soir.

Les compos : Presque aucune surprise des deux côtés avec des équipes évoluant dans leur système habituel, en 1-4-3-3 pour les Rennais et en 1-3-4-2-1 côté lensois. Du grand classique donc pour un match de gala opposant deux équipes réputées joueuses. La promesse d’une rencontre enthousiasmante était belle, pourtant force est de constater que nous avons assisté à un tout autre match. Mais pourquoi ?

La "maison" lensoise

Franck Haise évoquait avant le match l’importance pour son équipe de reprendre plaisir à défendre ensemble. Un désir pleinement concrétisé hier tant les Sang et Or ont été d’une discipline extrême dans leur organisation défensive. Organisés avec une ligne de 5 comme plancher et les 5 autres joueurs pour représenter les murs et le toit, la « maison » lensoise a fermé l’axe du terrain aux Rennais.

Soulignons dans cette organisation le travail du double-pivot Doucouré – Fofana en marquage individuel sur les joueurs situés dans les demi-espaces (souvent Majer et Santamaria comme ci-dessus). Les projections de ces joueurs ont ainsi été annihilées, Santamaria passant une grande partie du match à effectuer des courses vers l’avant contrôlées par Fofana et Medina.

L’image ci-dessus reflète un autre problème flagrant remarqué lors de ce match avec la faible propension des Rennais à trouver du jeu à l’intérieur et à combiner. Si Laborde n’a quasiment jamais décroché, multipliant les appels en profondeur à la recherche d’un jeu direct qui n’est jamais venu (et qui n’est pas dans les habitudes de cette équipe), nos milieux ont semblé incapables de combiner et n’ont eu que très peu d’influence sur le jeu. Ainsi, le Stade rennais a totalement délaissé le cœur du jeu et a attaqué systématiquement via ses latéraux, ce qui est devenu facile à lire pour les Lensois.

Pourquoi ?

• Martin et Santamaria manquent de vitesse d’exécution et sont peu à l’aise pour jouer sous pression d’où une tendance à fuir l’intérieur de la « maison lensoise » qui ressemblait fort à un piège dans lequel ils n’ont pas osé s’aventurer.
• Majer placé à gauche a tendance à s’orienter sur son pied fort vers la ligne de touche et donc moins vers l’intérieur du jeu que quand il joue à droite.
• Les rares fois où ils en ont eu l’occasion, Omari et Badé n’ont pas tenté ces passes traversantes à l’intérieur du bloc adverse. La comparaison dans ce domaine avec la prestation du gaucher lensois Medina est difficile à tenir, ce dernier ayant montré toute sa panoplie à la relance tout au long du match.

Le Stade Rennais s’est donc souvent retrouvé avec un alignement de joueurs collés à la ligne défensive adverse offrant peu de solutions pour combiner et donner de la vitesse au jeu afin de trouver des décalages.

La maîtrise technique

Enfin, ce qui nous a tous sauté aux yeux lors du match et ce que n’a pas manqué de souligner Bruno Génésio après le match, ce sont les erreurs techniques qui se sont accumulées tout au long du match. Si le ballon glissant à cause de la pluie peut rendre certaines phases plus difficiles, force est de constater qu’elles l’ont plus été pour les Rennais que pour leurs homologues du soir… A ce rayon, Martin, Santamaria, et Terrier entre autres n’ont pas brillé hier soir, multipliant les passes dans le dos ou les conduites de balles approximatives.

Tout n’est pas à jeter notamment sur le plan défensif où les Rennais ont eux aussi été plutôt disciplinés tout au long du match. Seule exception sur le but de Saïd : c’est à Truffert de faire la course de cadrage sur Clauss, plutôt qu’à Tchaouna et Martin qui courent en poursuite sur le latéral lensois. La prestation offensive des hommes de Bruno Génésio fut très pauvre, mais ne doutons pas que ce match compliqué puisse faire naître certains changements pour redynamiser une équipe rouge et noire en perte de vitesse.

Par Théo Rauzy