Le parcours du combattant
Publié le 19 octobre 2006 à 03h23 parBelote et rebelote : pour la deuxième fois en deux ans, le genou droit de Cyril Jeunechamp a cédé au début de l'automne. Coup dur pour le Stade Rennais, mais coup dur surtout pour un joueur généreux dans l'effort, et hyper-combatif - parfois un peu trop d'ailleurs. L'ex-capitaine des « Rouge et Noir » a dû longtemps faire contre mauvaise fortune bon cœur, lui qui fut exilé (avec une certaine réussite) sur le flanc gauche de la défense rennaise, bien loin de son poste de prédilection : milieu défensif. Comble du malheur, c'est alors qu'il venait de retrouver son positionnement préféré qu'il doit l'abandonner aussi sec.
Cyril Jeunechamp est un homme du sud. Né à Nîmes, il intègre logiquement l’équipe de sa ville, le Nîmes Olympique. Les Gardois, aujourd’hui en National, ont longtemps eu leur place dans l’élite du football français, mais au début des années 1990, leur déclin est largement amorcé. Cyril Jeunechamp fait donc ses débuts en Division 2, et gagne rapidement sa place dans l’effectif nîmois. Malheureusement descendus à l’échelon inférieur, les « Crocodiles » vont pourtant écrire l’une des plus belles pages de leur histoire, lors de la Coupe de France 1995-1996. Leader du milieu de terrain, Jeunechamp et ses coéquipiers éliminent l’AS Saint-Étienne, le RC Strasbourg et le Montpellier HSC pour parvenir en finale. En face d’eux, au Parc des Princes, se dresse l’AJ Auxerre, fraîchement sacré champion de France quelques semaines auparavant, emmené par le grand Laurent Blanc. Encore à ce jour dernière équipe à avoir réalisé le doublé coupe-championnat, les Auxerrois ont pourtant bien du mal à vaincre de courageux Nîmois. Ces derniers mènent même 1-0 à la pause. Les hommes de Guy Roux rétabliront la situation ensuite, Lilian Laslandes scellant l’issue du match à deux minutes de la fin.
Il ne pourra brandir la coupe, mais Jeunechamp a sa part de satisfaction, puisque ses performances ont attiré le regard du vainqueur du soir. S’il ne rejoint pas l’AJ Auxerre dans la foulée, il déménagera en Bourgogne l’année d’après. Rapidement titulaire dans l’entrejeu icaunais, il se taille une réputation de métronome, mais aussi de joueur quelque peu violent, récoltant habituellement un carton rouge et une dizaine de jaunes par saison. Une popularité énorme au sein du corps arbitral, un peu à l’instar d’un Cyril Rool (décidément, les Cyril...).
Après quatre saisons dans l’Yonne, Jeunechamp rejoint la Corse, et le SC Bastia. Son aventure sur l’île de beauté sera plus courte, mais confirmera ce que l’on connaissait du bonhomme, autant dans sa régularité et sa combativité que dans ses excès. À nouveau finaliste de la Coupe de France, il laisse encore passer sa chance d’ouvrir son palmarès, les Bastiais s’inclinant face aux Lorientais d’Yvon Pouliquen. La déception passée, il entame la saison 2002-2003 toujours au même rythme, mais doit une nouvelle fois changer d’horizon à l’hiver.
Prenant la suite de Philippe Bergeroo sur le banc du Stade de la Route de Lorient, Vahid Halilhodzic trouve sans doute le groupe rennais un peu trop mou à son goût. Pour redonner du peps à son équipe, le Bosniaque va chercher un homme de caractère. « Échangé » avec un Laurent Batlles pourtant talentueux mais visiblement peu apprécié par Halilhodzic, Jeunechamp fait ses valises pour Rennes. De la Corse à la Bretagne, il mettra comme d’habitude peu de temps pour s’imposer, gagnant très rapidement ses galons de titulaire indiscutable au milieu.
L’arrivée de Laszlo Bölöni change, elle, un peu la donne. Cyril perd son statut de titulaire, et est contraint de jouer - en quelque sorte - les bouche-trous. C’est donc un peu par hasard qu’il débarque au poste d’arrière gauche en lieu et place d’Arnaud Le Lan blessé. Après un temps d’adaptation, la révélation intervient lors de la venue de l’Olympique Lyonnais, match que l’on peut qualifier de premier exploit rennais de la période Bölöni. Les champions de France sont laminés 3-1, et Jeunechamp sur son côté gauche fait merveille. Bientôt, son entente avec Monterrubio devient évidente. Si le retour de Le Lan fait migrer Jeunechamp à droite pendant quelques temps, le mal est fait, et le Pontivyen devra se résoudre à laisser sa place au Nîmois la saison suivante.
Pas forcément à l’aise à ce poste inhabituel pour lui, Jeunechamp fait valoir son désir de retrouver sa place au milieu. Laszlo Bölöni fait cependant la sourde oreille une saison durant et Cyril se résigne à pallier au manque d’arrière gauche dans l’effectif. Un manque comblé à l’aube de la saison 2005-2006, Erik Edman s’imposant définitivement à ce poste. Le Gardois retrouve alors sa « vraie » place, mais est une première fois marqué par la malchance. Une demie-heure de jeu sur la pelouse de Félix-Bollaert et son genou droit cède. Lui qui n’avait pas connu de grave blessure pendant toute sa carrière doit subir une longue convalescence qui le prive de la majeure partie de l’aventure européenne. Revenu un peu plus vite que prévu, il participe à quelques uns des tous derniers matches de la saison... mais de retour à gauche, Erik Edman devant à son tour observer une période de repos forcé.
Après son magnifique but face à Sochaux, le 9 septembre dernier, on pouvait le croire reparti de plus belle, mais son élan fut brisé samedi dernier, la faute à ce satané genou. Nouvelle opération, nouvelle longue convalescence, nouveaux durs efforts à consentir : on ne peut que souhaiter bon courage à Cyril Jeunechamp, et espérer le revoir très vite fouler la pelouse de la Route-de-Lorient.
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