Jocelyn Angloma, un palmarès en or
Publié le 30 août 2012 à 17h47 parUn œil dans le rétro. Découvert par le Stade rennais en 1985, Jocelyn Angloma s'est rapidement imposé en Bretagne. La suite de sa carrière sera splendide. Passé par les deux plus grands clubs français de l'époque, le Guadeloupéen s'adjugera de multiples titres dans la foulée. Stade Rennais Online revient pour vous sur le riche parcours sportif du phénoménal Jocelyn Angloma.
Le nouveau Tigana
Né le 7 août 1965 aux Abymes, en Guadeloupe, Jocelyn Angloma débute sa carrière de footballeur à l’Étoile de Morne-à-l’Eau, où il joue jusqu’en 1985. Dans le club de son île natale, il s’affirme d’abord au poste d’attaquant. Âgé de vingt ans, « Joce » quitte alors la Guadeloupe pour rejoindre la métropole puis Rennes. Sa venue dans la capitale bretonne est d’ailleurs atypique.
En effet, c’est l’attaquant rennais Mario Relmy qui le propose un jour à son club : « Coach (NDLR : Pierre Mosca), j’ai un ami guadeloupéen avec moi, est-ce qu’il peut venir faire un essai ? » demande-t-il. Son test grandeur nature se révèle prometteur, si bien que le jeune guadeloupéen se voit offrir une première licence et un contrat amateur à Rennes.
Dans la foulée, Jocelyn Angloma débute au sein de l’équipe C du SRFC, avant de rapidement incorporer les rangs de la réserve du club phare de la Bretagne. Mieux, dès les premières touches de balle, Pierre Mosca se rend vite compte que le joueur guadeloupéen n’est pas un joueur ordinaire. Il a flairé le bon coup. C’est ainsi que « Joce » ne tarde pas à s’adapter au style de vie et de jeu en métropole, et frappe de ce fait quelques semaines plus tard à la porte de l’équipe première. Deux mois seulement après son arrivée à Rennes, Jocelyn Angloma dispute son premier match avec l’équipe fanion du Stade rennais, lors d’une rencontre comptant pour la Coupe de France face à Lucé (5-3), le 25 janvier 1986. Rentré en lieu et place d’Oscar Muller, le natif des Abymes fait forte impression. Son entraîneur est alors sous le charme et affirme que s’il travaille bien à l’entraînement, il ne voit pas ce qui peut l’empêcher de devenir un excellent joueur professionnel. Seul hic, « Joce » n’est pas qualifié pour la D1, et peut seulement disputer les rencontres de Coupe de France dans un premier temps.
Mais une vilaine blessure de Gilles Gallou, permet au SRFC d’obtenir une dérogation pour le faire jouer en championnat. Le jeune milieu de terrain axial est ainsi titularisé pour la première fois en D1, lors d’un Paris SG - Rennes (1-0), disputé le 8 mars 1986 au Parc des Princes. La carrière professionnelle de Jocelyn Angloma est définitivement lancée. Fort de débuts prometteurs au plus haut niveau, Pierre Mosca ne tarit pas d’éloges à l’encontre de son protégé : « C’est un milieu de terrain polyvalent, capable de ratisser, de neutraliser le meneur adverse et même de pousser des actions offensives. Il a toutes les qualités physiques nécessaires : bon jaillissement, détente et vitesse de course. Et techniquement, il est aussi très doué. Pour moi, c’est un nouveau Tigana ! ».
Le Stade rennais lui propose alors un premier contrat professionnel, à l’orée de l’exercice 1986-1987. Dans la foulée, il se fait une solide réputation dans l’hexagone, où il impressionne par sa justesse technique et sa maturité. Sous la tunique rouge et noire, il dispute ainsi trente-et-un matches et marque une fois. Malheureusement, le Stade rennais n’a pas été à la fête durant la saison. Pire, le club breton est même relégué dans l’antichambre de l’élite. De son côté, Jocelyn Angloma a soif de réussite. Le SRFC n’a donc plus les arguments suffisants pour conserver sa pépite, qui prend la direction de Lille durant le mercato estival. Après seulement quarante-huit rencontres disputées sous le maillot rennais, le Guadeloupéen entend prendre le premier virage de sa jeune carrière.
Une moisson de titres
Sous la houlette de Georges Heylens, il découvre déjà la fonction d’arrière droit, et c’est d’ailleurs à ce poste qu’il se fixe définitivement quelques années plus tard. Jocelyn Angloma inscrit ses premières lettres de noblesse avec le LOSC, aux côtés des Gaston Mobati, Abedi Pelé et consorts. Le couloir droit des « Dogues » de l’époque, devient finalement le terrain du futur arrière droit de l’équipe de France. Devenu l’un des meilleurs arrières latéraux de l’élite, Jocelyn Angloma obtient le titre de champion d’Europe espoirs en 1988 avec l’équipe de France. Buteur en demi-finale de la compétition face à Angleterre (4-2), il soulève ainsi la coupe en compagnie de futurs grands joueurs tels qu’Éric Cantona, Laurent Blanc, Stéphane Paille ou encore Bernard Casoni, pour ne citer qu’eux.
Pendant ce temps-là, il s’aguerrit toujours avec le club nordiste. Homme discret par excellence, il inscrit la bagatelle de treize buts en 92 matches dans le Nord, et ce en l’espace de trois saisons. Ses belles prestations d’ensemble lui permettent alors de rejoindre le Paris Saint-Germain de l’énigmatique Artur Jorge, à l’aube de l’exercice 1990-1991. Mais il ne reste finalement qu’une seule saison dans le club de la capitale, où il dispute trente-neuf matches et marque six buts. Entre temps, il découvre pour la première fois la sélection tricolore, entraînée par Michel Platini, le 13 octobre 1990 face à la Tchécoslovaquie (2-1).
Débarqué chez l’ennemi phocéen, qui vient d’être battu en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions face à l’Étoile Rouge de Belgrade, Jocelyn Angloma voit grand. Tout comme Bernard Tapie qui voit en lui « le futur Rijkaard ». Dans la foulée, il s’impose au poste de latéral droit, poussant l’emblématique Manuel Amoros sur le banc. Jouissant dorénavant du statut de meilleur défenseur de D1, il obtient le titre de champion de France en 1992. Ses coéquipiers, comme Alen Boksic, sont alors dithyrambiques lorsqu’ils évoquent leur partenaire : « Depuis quelques temps, il est en grande forme et d’une extrême disponibilité. C’est fou ce qu’il peut donner comme bons ballons en montant et en s’engageant sur le côté droit ».
Titulaire indiscutable avec la tunique frappée du coq, Jocelyn Angloma exprime ses qualités sur tous les terrains de France et de Navarre. Il se livre en 1993 : « J’ai joué attaquant et milieu, donc, je ne peux pas que défendre. Je dois monter de temps en temps. C’est mon jeu ». La consécration suprême intervient quelques semaines plus tard, avec le premier succès d’un club français en Coupe d’Europe. Vainqueur du grand Milan AC (1-0) en finale de la Coupe des clubs champions, l’Olympique de Marseille s’est juché sur le toit de l’Europe. Jocelyn aussi, mais il s’est fracturé le tibia durant la rencontre : « Lorsqu’on a commencé à faire la fête, je ne pouvais plus marcher. Les gars me portaient. Ça a tout gâché ! La fête à Munich, l’arrivée à Marseille, la réception à l’Élysée. L’autre jour, j’ai vu tous les copains à Sacrée Soirée, ça m’a fait un peu mal. J’ai aussi loupé le match contre le PSG. Ce soir-là, j’étais comme un fou, j’ai eu envie de me lever et de venir au Vélodrome. C’était atroce ».
L’année suivante, Marseille touche pourtant le fond. C’est la rétrogradation en D2, à la suite de la célèbre affaire VA/OM. Jocelyn Angloma se pose des questions : « Nous nous sommes battus pour que l’OM devienne une très grande équipe et il s’est pourtant passé des choses que je ne comprends pas. Pourquoi ? Pour arriver à être premiers, à devenir les plus forts. Malheureusement, certains sont allés trop loin. Quand on regarde où Marseille se trouve actuellement, on se dit qu’une Coupe d’Europe, c’est très cher payé ».
Un exemple de longévité
Après trois années de bons et loyaux services (106 matches, 4 buts), il quitte alors Marseille pour rejoindre le Torino en juin 1994. Il évoque d’ailleurs son transfert quelques semaines plus tard : « Je comptais rester dans le Sud, mais je n’étais pas emballé du tout par la perspective de jouer en D2, même à Marseille où il règne une ambiance foot assez exceptionnelle. Ici, c’est de la folie pour le foot. Toute la ville est derrière l’équipe. Je n’ai jamais vu un tel public. Je suis triste d’autant que le club n’est pas sorti d’affaire ». De 1994 à 1996, il fait ainsi les beaux jours du second club turinois, et impressionne l’ensemble des observateurs, dont le journaliste italien Fabio Ravezzani en 1995 : « Les joueurs italiens devraient lui envier sa façon d’aborder les évènements. En toutes circonstances, Jocelyn garde un calme impérial et parvient toujours à prendre du recul. Il ne s’affole jamais. Ce côté nonchalant ne le quitte jamais. Sur le plan du jeu, je dois avouer que je ne m’attendais pas à le trouver aussi puissant athlétiquement. C’est l’un des meilleurs arrières droits du Calcio ».
Il s’envole ensuite pour le championnat d’Europe 1996 en Angleterre, qu’il dispute... sur le banc. Lilian Thuram étant dorénavant le « numéro 1 » à son poste. Durant l’été, il rejoint l’Inter de Milan, où il évolue l’espace de douze mois, participant au passage à la finale de la Coupe UEFA 1997. Il se dirige ensuite vers l’Espagne, et plus précisément au FC Valence. Bonne idée puisqu’il passe cinq années magnifiques dans l’Est de la péninsule ibérique, et prend part aux deux épopées du club jusqu’en finale de la Ligue des champions en 2000 et 2001.
Champion d’Espagne en 2002, Jocelyn Angloma décide alors de raccrocher les crampons, ou presque. À Valence, il aura disputé la bagatelle de 121 matchs de Liga (5 buts), 35 en coupe d’Europe (1 but) et 9 en Coupe du Roi (1 but). D’incroyables statistiques qui l’ont fait rentrer dans la légende du club de Valence.
Désigné comme étant le meilleur arrière droit de l’histoire de leur club par les aficionados valencians, le Guadeloupéen retourne alors dans son île natale, où il évolue avec son club formateur de Morne-à-l’Eau. En parallèle, il intègre la cellule de recrutement de Lille en 2006, où il est en charge de la zone Antilles-Amérique du Sud. International à trente-sept reprises avec les Bleus, Jocelyn Angloma accepte ensuite de jouer avec l’équipe de Guadeloupe. Fort de son incroyable expérience au plus haut niveau, il permet à sa sélection de se qualifier pour la Gold Cup (le championnat des fédérations de la CONCACAF) organisée en 2007. Les « Gwada Boys » de David Sommeil atteignent les demi-finales, mais doivent s’incliner face au Mexique (1-0). Mais à quarante-et-un ans, le capitaine Jocelyn Angloma a réalisé un incroyable exploit. Exemple de longévité physique, il met ensuite un terme définitif à sa carrière. Depuis, il est devenu entraîneur de l’Étoile de Morne-à-l’Eau, son club formateur, et également l’entraîneur-adjoint de l’équipe de Guadeloupe de football.
Sa carrière en bref
Joueur :
1978 - novembre 1985 : Étoile de Morne-à-l’Eau (Guadeloupe)
novembre 1985 - 1987 : Stade rennais FC
1987-1990 : Lille OSC
1990-1991 : Paris Saint-Germain
1991-1994 : Olympique de Marseille
1994-1996 : Torino FC (Italie)
1996-1997 : Inter Milan (italie)
1997-2002 : Valence CF (Espagne)
2003-2007 : Étoile de Morne-à-l’Eau (Guadeloupe)
Entraîneur :
Depuis juillet 2007 : Étoile de Morne-à-l’Eau (Guadeloupe)
Sources :
- Wikipedia
- France Football
- http://www.rennes-infhonet.fr
- forum footnostalgie
Sources photos :
- srfc.frenchwill.fr
- http://www.oldschoolpanini.com
- forum footnostalgie
Vos réactions (3 commentaires)
vincent
30 août 2012 à 17h54oui bon, c est pas a Rennes qu’il fait sa carrière....Angloma c est un joueur marseillais.
Fuego
30 août 2012 à 18h33Rectification, sans doute une erreur de frappe... Mais c’est en 1988 qu’il gagne la coupe d’europe espoir.
Mais tout le monde l’aura rectifié ;)
Sinon, un grand respect pour le joueur et l’homme.
Un exemple a suivre... pour certains !!!!
Louis G
30 août 2012 à 18h39Ce récapitulatif de la carrière de Jocelyn Angloma est intéressant...je ne m’en souvenais plus et je dois dire que je suis assez émerveillé par un tel palmarès et cela grâce au Stade Rennais qui a su le dénicher et lui faire tenter sa chance !...il est reconnaissant à son Club d’origine de Morne à l’Eau en Guadeloupe , je pense qu’il devrait aussi être reconnaissant à notre Club phare de Bretagne !!...