Les Écossais comme chez eux

- Brahimi de retour aux affaires :
S’il a livré une prestation mitigée, on notera que Yacine Brahimi a disputé son deuxième "vrai" match après le déplacement à Tbilissi pour la première rencontre de la saison. Le franco-algérien s’était ensuite blessé au péroné lors du match retour, et n’avait fait que deux courtes apparitions à Sochaux puis contre Lorient.
Après sa timide entrée en jeu face au Merlus, Brahimi a semblé moins sur la retenue face au Celtic. Peut-être le vrai départ de sa saison 2011-2012.

- Le Celtic comme les Rangers :
En obtenant le match nul 1-1, le Celtic a réussi la même performance à Rennes que son ennemi historique, les Rangers. En 1971, pour le troisième match de leur histoire sur la scène européenne, les Rennais accueillaient en effet le club écossais au premier tour de la Coupe des vainqueurs de coupe.
Venus avec la farouche envie d’empêcher les leaders d’attaque rennais - Raymond Keruzoré en tête - de s’exprimer, les Écossais défendaient avec un marquage individuel strict, et annihilaient totalement les intentions offensives de l’équipe de Jean Prouff. Peu après l’heure de jeu, les Rangers ouvraient le score grâce à un but de Willie Johnston sur corner. Philippe Redon, qui disputait son premier match pro, égalisait cependant quelques minutes plus tard (1-1).
Au retour à Ibrox, des Rennais timorés pliaient face aux Rangers (0-1), qui se qualifiaient pour la suite d’une compétition qu’ils remportaient quelques mois plus tard.

- Scénario récurrent :
Le Stade rennais ne parvient pas à conserver son avantage. Le mal est récurrent depuis le début de la saison car, sur dix-sept matchs disputés, l’équipe de Frédéric Antonetti a ouvert treize fois le score mais ne l’a alors emporté que huit fois. À titre de comparaison, les quatre fois où le Stade rennais a dû concéder le premier but, il l’a emporté une fois (à Belgrade), a réussi à revenir une fois au score (contre Paris), et a concédé deux défaites (à Montpellier et à Lille).
Surtout, ce sont les similitudes dans les scénarios de plusieurs matchs qui frappent : à domicile contre Nancy, Saint-Étienne, l’Atlético et donc le Celtic, les "Rouge et Noir" ont ouvert le score en première période, avant de voir leurs adversaires égaliser en seconde mi-temps. Sur les six derniers matchs route de Lorient, seules deux équipes n’ont donc pas réussi à prolonger cette logique : Caen, pour qui les trois buts concédés avant la pause ont été trop durs à remonter ; et un Lorient en panne d’idées, totalement étouffé au milieu de terrain.

- Cha Du-Ri, le but gag :
L’action fera probablement le tour du monde et le délice des amateurs de football (supporters du Celtic exceptés). À la demi-heure de jeu, suite à un coup franc qu’il capte parfaitement, Benoît Costil essaye de relancer en profondeur sur Tettey, mais manque son tir, qui est tranquillement récupéré par le défenseur Cha Du-Ri. Celui-ci transmet en retrait pour son gardien Frasen Forster, mais la passe du Coréen est mal ajustée, et trompe son coéquipier avant de passer tranquillement la ligne de but.
Un but gag, le premier marqué contre-son-camp par un joueur adverse cette saison lors d’un match du Stade rennais. Chronologiquement, le dernier but contre-son-camp en faveur des "Rouge et Noir" remontait au 29 mai 2011 : à Lille, Aurélien Chedjou avait trompé Mickaël Landreau pour l’ultime match de la saison 2010-2011. Un but là aussi synonyme d’ouverture du score, sans que la victoire ne soit au bout (2-3).
À noter que jamais dans son histoire le Stade rennais n’avait bénéficié d’un but contre-son-camp lors d’une rencontre européenne. Il en a en revanche concédé un : son auteur est Alain Rochat lors d’un sombre match de Coupe UEFA à Salonique, en décembre 2005 (1-5).

- Les Écossais avaient envahi Rennes :
Venus en nombre (ils remplissaient une bonne partie du parcage visiteurs du stade), les supporters du Celtic ont également mis l’ambiance durant la journée dans les rues de Rennes. Ils étaient ainsi nombreux à prendre position place du Parlement (voir photo), peut-être à cause de la présence d’un pub irlandais bien connu du centre-ville.
Dans le stade, les Bhoys se sont ainsi bien faits entendre, donnant une bonne réplique au Roazhon Celtic Kop. Si l’affluence était au final moindre que celle enregistrée pour la venue de l’Atlético (21.825 spectateurs, soit quelques 2.500 personnes en moins), on notera qu’il s’agissait du troisième meilleur total pour une rencontre européenne route de Lorient, derrière le match de Coupe UEFA 2005 face à Stuttgart (0-2). Cette saison, seules les réceptions du Paris Saint-Germain (27.927 spectateurs) et de l’Atlético (24.298) ont fait mieux, toutes les autres affluences étant inférieures à 20.000 spectateurs.

- Débuts européens pour Jebbour :
Principale innovation du onze de départ rennais, Yassine Jebbour a fait ce jeudi ses débuts sur la scène européenne. Laissé de côté depuis le début de la saison, l’international espoirs marocain a montré qu’il pouvait être une solution de rechange supplémentaire pour Frédéric Antonetti, qui dispose déjà de trois latéraux droit potentiels (Danzé, Théophile-Catherine et Foulquier), et pourrait en récupérer un quatrième dans les prochains mois (Apam).
La saison dernière, les absences de Kévin Théophile-Catherine et Samuel Souprayen lui avait permis de faire ses débuts professionnels sur un côté gauche qui n’est pas le sien. Au total, Jebbour avait disputé six rencontres de Ligue 1, dont trois comme titulaire.

- Shabani Nonda en observateur :
Véritable idole du stade de la route de Lorient lorsqu’il était joueur, Shabani Nonda y est revenu ce jeudi, et ce en toute discrétion. Présent dans les travées, l’ancien attaquant congolais, qui n’a plus de club depuis l’été 2010 et semble désormais à la retraite, supervisait Jirès Kembo.
Selon les commentateurs de Canal+ Sport, Nonda était en effet présent pour le compte de la fédération congolaise, qui fait une cour assidue à l’attaquant rennais pour le convaincre de porter les couleurs de son pays de naissance.

- Morne semaine européenne pour les clubs français :
Après les trois revers concédés par les clubs engagés en Ligue des champions (Lille contre l’Inter 0-1, Marseille contre Arsenal 0-1, et Lyon à Madrid 0-4), les deux équipes engagées en Ligue Europa n’ont pas fait beaucoup mieux. Outre le Stade rennais, tenu en échec à domicile, le Paris Saint-Germain a lui aussi dû se contenter d’un piteux match nul sur la pelouse du Slovan Bratislava (0-0) en terminant la rencontre à neuf contre onze.
Finalement, seul le Stade rennais sera parvenu à marquer un but à son adversaire sur les cinq rencontres proposées entre mardi et jeudi. Ironiquement, un but qui n’a même pas été marqué volontairement...

- Les Écossais satisfaits :
Comme les Madrilènes il y a trois semaines, les joueurs du Celtic sont repartis sourire aux lèvres du stade de la route de Lorient. Auteurs d’un match solide, les Glaswegiens se montrent désormais optimistes en vue de la rencontre retour. « C’était un super match, grâce aux deux équipes, s’est satisfait l’entraîneur Neil Lennon. L’équipe a été fantastique, et elle a montré du caractère et des qualités. Nous avons eu beaucoup d’occasions, nous avons au moins mérité le nul. Je veux aussi rendre hommage aux deux gars impliqués sur le but, ce n’est pas facile après une erreur comme ça mais je suis fier d’eux, ils ont relevé la tête et fait une superbe deuxième mi-temps ».
« C’est un résultat satisfaisant, d’autant qu’il nous manquait plusieurs joueurs importants, a relevé le buteur Joe Ledley. Nous avons réalisé une très belle performance collective. Nous savions que ce serait difficile mais nous aurions pu battre les Rennais. C’est de bon augure pour le match retour ». Une deuxième rencontre où le Celtic bénéficiera du soutien de ses supporters. « L’appui de notre public devrait être décisif », espère Biram Kayal.

- La qualification en danger ?
Alors que l’Udinese semble bien partie pour s’adjuger l’une des deux premières places, le Stade rennais va devoir cravacher lors des matchs retour pour tenter d’obtenir sa qualification pour les seizièmes de finale. Un succès dans quinze jours à Celtic Park devient une impérieuse nécessité. « Il ne faut pas baisser les bras et se dire que c’est encore possible de se qualifier, affirme Jonathan Pitroipa. On ira au Celtic pour prendre les trois points et on verra la suite ». Même son de cloche du côté de Vincent Pajot : « Pour la qualification, le coach nous dit qu’il y a encore l’opportunité de se qualifier », explique le jeune milieu de terrain.
Frédéric Antonetti souligne de son côté l’urgence de retrouver la victoire en Ligue Europa. « Il reste trois beaux matches à jouer, on a pris la mesure de cette compétition. La deuxième place est encore accessible mais il faudra gagner pour cela ». Une réaction sera donc attendue à Celtic Park.

- Crédit photo : @seb_caud35
- Source déclarations : ouest-france.fr