Un œil dans le rétro : Laurent Delamontagne

Publié le 16 mars 2011 à 16h20 par Rodighiero

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à l'Olympique Lyonnais, pour le compte de la 28e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Laurent Delamontagne.

Dans l’ombre du grand frère, Patrick

Né à Rennes cinq mois seulement après la première victoire stadiste en Coupe de France (le 9 octobre 1965), Laurent Delamontagne alors âgé de 8 ans signe sa première licence de footballeur à la Bouëxière, petit club amateur localisé à une vingtaine de kilomètres de la capitale bretonne. Il y progresse petit à petit jusqu’à ses quatorze ans, avant de regagner le sport-études du Stade rennais. Dans la foulée, il intègre les différentes équipes de jeunes du SRFC. Son indéniable talent est vite décelé par la cellule stadiste qui souhaite le conserver coûte que coûte. Peu après, il devient également international cadets puis juniors (avant d’honorer des sélections olympiques et A’).
Quelques mois plus tard, Delamontagne fait ses gammes dans l’équipe réserve du SRFC, foulant ainsi les pelouses exiguës de troisième division. Ses premiers pas avec l’équipe professionnelle s’opèrent finalement le 2 mars 1985 contre Abbeville (succès 3-2), lors de la 23ème journée du championnat de division 2, alors qu’il n’est encore que stagiaire professionnel.

La saison suivante en D1 (exercice 1985-1986), Pierre Mosca fait également appel à lui lors du match aller comptant pour les quarts de finale de la Coupe de France (1-1, but stadiste de Jocelyn Angloma), le 29 mars 1986 à Auxerre. Il remplace Mario Relmy et joue durant une bonne vingtaine de minutes. À l’époque, le jeune Laurent ronge encore son frein, le plus souvent au sein de l’équipe B, mais s’aguerrit à bride abattue aux côtés de joueurs plus expérimentés.
Il paraphe finalement un premier contrat professionnel en 1987, année où il pointe son nez comme titulaire à partir de la mi-championnat, et où il ouvre son "compteur buts". Le 31 octobre 1986 constitue un grand jour dans la carrière de Laurent, qui affronte pour la première fois, son grand frère Patrick. Laval s’impose sur le score de 3 buts à 0, mais l’essentiel est ailleurs. Il se confiera à ce sujet quelques jours plus tard : « Lorsque nous avons joué l’un contre l’autre, Patrick n’a pas cessé de m’encourager ».

Début janvier 1987, Pierre Mosca cède sa place à Patrick Rampillon sur le banc de touche stadiste, alors que ce dernier était entraîneur au centre de formation. Il est assisté par Patrice Rio dans sa mission. Malgré ce changement d’entraîneur, le miracle n’a pas lieu. Le SRFC termine lanterne rouge de D1, et réalise l’une des pires saisons de son histoire avec seulement vingt buts marqués, dont huit par le seul Mario Relmy. Sur un plan personnel, Laurent Delamontagne est aligné lors de vingt-quatre rencontres de championnat, dont quatorze fois en tant que titulaire. Jouant le plus souvent ailier droit, il inscrit son premier but professionnel le 21 mars 1987, lors d’un trente-deuxième de finale de Coupe de France disputé à Versailles, pour une difficile victoire face aux amateurs de Mantes-la-Ville (4-3). Associé ce jour-là à Mario Relmy sur le front de l’attaque, il marque le quatrième but rennais. Après une saison catastrophique du début à la fin, Rennes retrouve la Division 2, n’ayant remporté que cinq succès en trente-huit rencontres de championnat.

Au sommet Delamontagne

À l’aube de l’exercice 1987-1988, une icône du football breton pose ses valises à Rennes. Il s’agit de Raymond Keruzoré. Le Finistérien construit de suite l’ossature de son équipe autour de Laurent Delamontagne, et il n’est pas déçu par l’attaquant stadiste, facilement reconnaissable grâce à sa longue tignasse. Rapidement en jambes, Laurent inscrit son premier but en championnat face à Saint-Dizier lors de la seconde journée (victoire 2-1). Quatre autres suivront.
Cependant, le début de saison stadiste est délicat. C’est ainsi que le 7 novembre 1987, le club breton décide de s’attacher les services d’un attaquant néerlandais qui marquera les esprits, Erik van den Boogaard (il inscrira 7 buts au cours de la saison). Cela n’empêche pas Delamontagne de se distinguer également le 13 février 1988, lors d’un huitième tour de Coupe de France face à la modeste équipe morbihannaise de Baud (DSR), qui lui donne l’occasion de réaliser un mémorable quadruplé (score final 7-0).

Au terme d’un championnat à oublier, le natif de la Bouëxière marque cinq fois en vingt-neuf rencontres disputées. De son côté, le Stade rennais termine dixième de D2 (groupe B) et souhaite se reconstruire tranquillement, sans sauter les étapes et en privilégiant la formation. L’année suivante (saison 1988-1989), le "grand frère" Patrick Delamontagne revient à Rennes, galvanisé par des expériences réussies à Laval, Nancy, Monaco et Marseille. Dès lors, les ambitions du club breton sont logiquement revues à la hausse. Les deux "frangins" évoluent pour la première fois sous la tunique "Rouge et Noir" lors du lever de rideau du championnat, le 16 juillet 1988 à Créteil (défaite 1-3, malgré une réalisation de Laurent). C’est un "rêve de gosse" qui se réalise pour le cadet des frères Delamontagne. Dans la foulée familiale, Laurent démarre sa saison en boulet de canon, inscrivant la bagatelle de six buts en sept matches.
Lui, son frère et Erik van den Boogaard forment un magnifique triumvirat offensif, et font trembler l’ensemble des défenses de seconde division. Raymond Keruzoré le confirme d’ailleurs à la fin de l’année 1988 : « Notre point fort, c’est l’attaque. Patrick Delamontagne est très heureux d’avoir retrouvé Rennes et de jouer pour la première fois avec son frère Laurent. En plus, ils sont tous les deux très complémentaires d’Erik van den Boogaard ».

Rennes s’accroche et arrache finalement la troisième place de son championnat (avec au passage, la meilleure attaque de D2 grâce à 61 buts marqués) derrière Mulhouse et Brest. Malheureusement, Rennes est battu lors de l’épreuve des pré-barrages à Nîmes (1-0). Le sort est donc scellé. Pas de Division 1, malgré beaucoup d’espoirs et de qualités affichées tout au long de l’exercice. Rennes devra encore patienter au minimum une saison supplémentaire avant de retrouver l’élite. Côté buteurs, Erik van den Boogaard alias "VDB" trouvera le chemin des filets à vingt reprises, alors que Laurent (32 matches) et Patrick inscriront 13 buts chacun.
Les deux frères s’offrent ainsi une sorte de destins croisés. Laurent se montre également efficace en Coupe de France en scorant à cinq reprises, tandis que le SRFC est logiquement vaincu en quarts de finale de l’épreuve par l’Olympique de Marseille (1-5 à Marseille, puis 2-2 au retour à Rennes). Au rayon des anecdotes, deux frères qui évoluent dans la même formation, cela a des avantages mais parfois aussi quelques inconvénients. Patrick fut ainsi suspendu par inadvertance pour un match ferme par la commission de discipline, alors que l’avertissement concernait son frère cadet Laurent. Heureusement, la vérité fut ensuite vite rétablie.

Les années « Yo-yo »

L’objectif initial de la saison 1989-1990 est clair : Rennes veut remonter en première division. Et ce sera finalement chose faite, après un épilogue digne des plus grands films de Hitchcock. En effet, le club de la capitale bretonne accède à l’élite lors de la dernière journée de championnat à Lorient, par le biais d’une victoire (2-0) qui condamne également les "Merlus" du FC Lorient à la relégation en troisième division. Au coude à coude avec Valenciennes tout au long de la saison, le SRFC marque un second but au stade du Moustoir à l’ultime seconde par l’héroïque Jean-Christophe Cano, synonyme de Saint-Graal et d’accession pour la sacro-sainte D1.
Sur le plan individuel, Laurent Delamontagne termine deuxième meilleur buteur du club avec 9 buts (pour 34 matches disputés), derrière l’inévitable Van den Boogaard et ses 15 réalisations. Il se fait aussi remarquer en inscrivant un triplé contre Cherbourg (6-0), lors d’un septième tour de Coupe de France joué le 16 décembre 1989. Cet heureux épilogue reste bien entendu un souvenir intarissable pour Laurent : « Nous sommes allés chercher la montée lors de la dernière minute de la dernière journée ! se rappelle l’ancien joueur stadiste. « Le Stade Rennais était structuré mais avait du mal à se maintenir en première division. Le club avait un petit budget à l’époque ».

Comme il l’avoue lui-même, Laurent est également très fier d’avoir pu jouer aux côtés de son frère aîné Patrick, pendant trois belles années où il a accumulé les souvenirs et les émotions fortes. La saison suivante, Rennes ne réussit pas à surfer sur la vague de la montée, et finit encore dernier de D1, malgré la phénoménale efficacité de son attaquant camerounais François Omam-Biyik (transfuge de Laval à l’intersaison, 14 buts). C’est alors que la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) vient à la rescousse du club de la capitale bretonne. Rennes profite ainsi des déboires financiers de Bordeaux, Brest et Nice pour se maintenir une seconde année consécutive parmi l’élite. Laurent dispute trente-quatre matches et est buteur à cinq reprises.
Maintenu sur le fil, le SRFC vit pourtant une saison 1991-1992 quasi-similaire à la précédente, mais s’agrippe cependant comme un forcené à la dix-huitième place du championnat, par le biais d’une égalisation inespérée de Laurent Huard à la dernière minute d’un match face à Auxerre (1-1), lors de l’ultime journée de première division. Rennes obtient ainsi le droit de disputer les barrages face à Strasbourg. Malgré les efforts consentis pour sauver le club, le SRFC est finalement battu sur l’ensemble des deux rencontres (0-0 à Rennes, puis 1-4 au stade de la Meinau) et redescend encore en D2. Ce sera le dernier match de Laurent Delamontagne avec le Stade rennais. Pour sa dernière année avec son club formateur, l’attaquant rennais aux cheveux longs a inscrit six buts en trente-sept matches. Au final, il aura joué 218 rencontres avec l’équipe première du Stade rennais, pour un total de 52 buts. Des statistiques plus qu’honorables pour un joueur qui aura toujours fait honneur au maillot "Rouge et Noir".

Vice-champion de France !

En 1992, il quitte sa Bretagne natale, après treize années de bons et loyaux services, pour gonfler les rangs des Gones de l’Olympique Lyonnais. « J’arrive alors dans un club mieux structuré mais surtout avec beaucoup d’ambitions », raconte t-il. Il évolue dans le Rhône durant trois années, où il côtoie des personnages charismatiques du football hexagonal, Raymond Domenech et Jean Tigana notamment. Après une première saison lyonnaise plutôt réussie (37 matches pour 4 buts), il ne confirme pas vraiment l’année suivante, ne jouant qu’à vingt-six reprises pour un seul but marqué. À cette époque, Lyon est déjà régulier dans ses performances, se classant deux fois consécutivement à la quatorzième place du championnat de première division.
Changement de décor lors de la saison 1994-1995, qui voit l’OL et Delamontagne terminer vice-champion de France derrière l’intouchable FC Nantes des Ouédec, N’Doram, Loko, Pedros et consorts, qui restera invaincu pendant 32 journées d’affilée. « Nous avions une bonne équipe mais surtout une très bonne ambiance avec des Olmeta, N’Gotty, Maurice, Gava », explique Delamontagne. De son côté, Laurent dispute 23 rencontres et marque 2 buts, mais ne fait pas partie de l’équipe qui réussira une belle épopée européenne l’année suivante.

Dans l’expectative du côté de Lyon, et après avoir passé une intersaison assez indécise, il regagne en effet l’ouest de la France en signant au SCO d’Angers. « J’avais pas mal de contacts mais rien de concret, raconte t-il quelques années plus tard. L’OL et Aulas ne me proposait qu’un an de contrat. Angers m’en proposait trois et avait un projet intéressant ». Malheureusement pour lui, l’équipe angevine ne se montre pas au niveau des ambitions affichées en début de saison. vingt-et-unième de Super D2, le club du Maine-et-Loire est relégué en National 1, et Laurent décide de mettre un terme à son aventure scoïste.
En 1996, il prend la direction de la Drôme et conclut un nouveau transfert à Valence. En dépit du plus petit budget de seconde division, le club drômois accomplit deux très belles saisons, en terminant à la dixième puis à la septième place. Sa dernière saison avec Bruno Metsu aux commandes n’est cependant pas une réussite. Avec Valence, il jouera 102 matches de championnat et marquera 15 buts. Il quitte donc l’ASOA Valence pour le club voisin de l’US Montélimar (Union Montilienne Sportive Football) où il rejoint pléthore d’anciens partenaires. Il évolue ainsi en CFA2 pendant quatre saisons (avec une troisième place lors de l’exercice 2000-2001) et organise surtout sa future reconversion professionnelle. Aujourd’hui chef d’entreprise dans le domaine de la communication, Laurent Delamontagne aura donc fait les beaux jours de cinq clubs dans sa carrière.

Son dernier match sous la tunique "Rouge et Noir"

Strasbourg 4 - 1 Rennes
Barrages D1/D2, finale
Mercredi 13 mai 1992

Stade de la Meinau
Affluence : 35 709 spectateurs

Buts : Cobos (5ème), Keshi (20ème) et Paillard (28ème et 84ème) pour Strasbourg ; Le Dizet (11ème) pour Rennes

Strasbourg : Sansone - Dall’Oglio, Keshi, Lebœuf, Cobos - Mura, Paillard - Pouliquen (cap), Etamé (Monczuk, 42ème), Péron, Keller. (Entr. : G. Gress)

Rennes : Rousseau - Rico (Noël, 73ème), Le Dizet - Sorin, Oosterveer, Ribar - Ripoll (Baltazar, 46ème), Huard, Shala, Sliskovic - L. Delamontagne. (Entr. : D. Notheaux)

Sa carrière en bref

1979-1992 : Stade Rennais FC
1992-1995 : Olympique Lyonnais
1995-1996 : SCO Angers
1996-1999 : ASOA Valence
1999-2003 : UMS Montélimar
1979-2003 : 421 matches professionnels / 60 buts

Sources :
- Foot26-07.fr
forum footnostalgie
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.

Sources photos :
- Sitemap.dna.fr
forum footnostalgie

Vos réactions (2 commentaires)

  • Louis G

    16 mars 2011 à 19h22

    Merci pour cette rétrospective !...la famille Delamontagne aura marqué le Stade Rennais ; mais je me souvenais davantage de l’aîné alors que le cadet a fait un bon parcours à Rennes comme dans d’autres clubs français, ce que j’ignorais !!...cet article nous fait revivre aussi le temps où on naviguait entre D1 et D2 et où on regardait davantage le bas du tableau pour ne pas être relégué que le haut comme aujourd’hui en espérant devenir européen !...nous devrions en être très heureux et pourtant chaque W.E. on stresse encore !...la vie n’est vraiment pas un « long fleuve tranquille » !!...

  • damvanou

    16 mars 2011 à 20h00

    je me souviens d’une discution au sujet du stade rennais avec lui quand je l’ai servi dans un restaurant, toujours dispo c’était très sympa de sa part. moi évoquant mes souvenirs d’un « petit » ramasseur de balles aux stade de la route de lorient lors d’un match contre l’ASMonaco (mes premiers souvenirs de supporters), et lui sa longue carrière. C’était très émouvant et c’est une des grandes rencontres que j’ai pu faire dans ma vie.

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