Un œil dans le rétro : Rennes - Toulouse en 1998
Publié le 17 février 2011 à 02h35 parEn marge de la rencontre opposant le Stade rennais à Toulouse, pour le compte de la 24e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter une rencontre capitale disputée entre les deux clubs, en mai 1998 au stade de la route de Lorient.
Contexte
À une encablure de la fin du championnat de D1, saison 1997-1998, trois équipes sont encore au coude-à-coude avec l’objectif commun de valider leurs maintiens respectifs parmi l’élite hexagonale : il s’agit du RC Strasbourg (14ème avec 34 points), du Stade rennais (15ème avec 33 points) et de l’En Avant de Guingamp (16ème avec 33 points).
Seulement deux places pour trois équipes, plus dure sera la chute. Loin de ces considérations arithmétiques, Châteauroux et Cannes sont d’ores et déjà condamnés au purgatoire de la seconde division. Au terme d’une palpitante 33ème journée de championnat, Rennes aura soufflé le chaud et le froid. Malmené durant une bonne partie de la rencontre, le club stadiste obtient finalement un match nul salvateur au stade de la Beaujoire à Nantes (1-1, but de Yoann Bigné). Dans le même temps, Cyrille Pouget, l’attaquant du club doyen, crucifie les Costarmoricains de Guingamp à la 88ème minute de jeu (victoire du HAC 2-1, au Roudourou).
Alors que, pendant une longue période, le destin des « Rouge et Noir » semblait déjà scellé, le Stade rennais reçoit Toulouse pour le compte de la dernière journée du championnat, avec l’avantage d’avoir son destin entre les mains. En cas de succès face à la formation occitane (qui elle a déjà assuré sa place en première division), le club de la capitale bretonne signerait un nouveau bail en D1, inespéré quelques semaines auparavant.
L’avant-match : Rennes sous haute tension
La fin de saison est stressante sur les bords de la Vilaine. Guy David, l’entraîneur du SRFC, en appelle d’ailleurs à toute la région pour qu’elle soutienne ses joueurs lors de ce dernier match capital qui les attend face à Toulouse, ce 9 mai... 1998, au stade de la route de Lorient. Lui le Marseillais d’origine, qui avait prévu le coup longtemps à l’avance, affirmant telle la réincarnation de Nostradamus que : « Tout se jouera lors de la dernière journée et pas avant ». Quinze jours plus tôt, Rennes a pris un point à l’extérieur et l’En Avant en a semé un en chemin, se faisant cueillir tel le fruit du verger par une équipe havraise jouant le jeu jusqu’au bout. À l’orée de l’épilogue des 34 rencontres de championnat, la Bretagne se déchire une nouvelle fois pour ses deux clubs phares du moment (l’EAG était venu s’imposer à Rennes 2-1, lors de la 32ème journée), les pro-Rennais pouvant vraiment remercier la Normandie.
C’est donc tout naturellement que Loïc Lambert, joueur emblématique du club stadiste salue ainsi le club du Havre, superbe arbitre d’une issue serrée comme jamais. Avant de rentrer réellement dans le vif du sujet, les joueurs rennais sont plutôt optimistes et sûrs de leur force. « Sur tout ce qu’on a entrepris et réussi cette saison, franchement, je n’ai pas connu un groupe plus solidaire, plus motivé que cette saison » rapporte Lambert, avant d’étayer ses propos : « À un moment, on a compté cinq points de retard sur le premier relégable et tout le monde nous imaginait condamnés. C’est notre mental qui va faire la différence, j’en suis persuadé maintenant ».
Yves Colleu, l’adjoint de Guy David rajoute : « C’est agréable d’avoir de nouveau notre destin entre les mains. Je crois que l’on va se servir de notre désillusion face aux Guingampais pour bien travailler et bien aborder le dernier match ». De son côté, Laurent Huard rappelle à qui veut bien l’entendre que l’équipe « est quand même sur une note positive depuis trois mois » et estime également que « même si En Avant a ébranlé cette confiance, on connaît notre valeur et on sait que l’on mérite notre place en D1. On revient du diable Vauvert, on ne va pas lâcher maintenant ». Pourtant, Guingamp avait entamé la Marche funèbre pour son voisin quelques jours auparavant : au revoir, la D1. C’en était terminé des espoirs stadistes, croyait-on. Pendant une mi-temps à Nantes, et via l’ouverture du score de Samba N’Diaye, le chemin de croix était bel et bien amorcé. Quarante-cinq minutes plus tard, le vent avait tourné, comme par enchantement. Les dieux du football semblaient avoir tranché en la faveur du club de la capitale bretonne, au détriment de la formation des Côtes-d’Armor.
Épilogue
Jour J, le stade est comble pour l’évènement, 18.883 spectateurs se sont massés dans les travées de la route de Lorient, et tous espèrent pouvoir pousser un grand « ouf » de soulagement à l’issue de la rencontre. Les supporters rennais, munis pour une bonne partie d’entre-eux de baladeurs et autres appareils radiophoniques sont rapidement rassurés. En effet, Cannes ouvre le score contre Guingamp au bout de huit minutes de jeu seulement, grâce à une réalisation de l’ex-joueur du Stade briochin, José Bray. En Alsace, le RC Strasbourg trouve également le chemin des filets face à Auxerre par l’intermédiaire de Frédéric Arpinon, et assure quasiment son maintien parmi l’élite. À Rennes, Goussé se présente seul face à Gouaméné, mais le portier toulousain s’interpose avec brio. Les protégés de Guy David sont tendus. Et comme on pouvait l’imaginer aisément, la rencontre est d’une qualité très moyenne, mais l’important est ailleurs.
À la mi-temps, Rennes est sauvé mais la tension est toujours palpable. Au retour des vestiaires, Tasfaout égalise à Cannes (1-1) avant que Daniel Moreira ne donne l’avantage au club costarmoricain. Nous jouons alors la 56ème minute de jeu, et le Stade rennais est en Division 2 ! Le parc des sports de la route de Lorient est sonné et n’en croit pas ses yeux. Grâce à celui qui portera plus tard les couleurs stadistes durant trois saisons (2006-2009), Guingamp est repassé devant Rennes, qui peine à triompher d’un Toulouse pourtant poussif.
Le suspense est à son comble, insoutenable. Le bras de fer entre les deux équipes bretonnes tient ses belles promesses. Dix-sept longues minutes vont suivre... pendant lesquelles les joueurs rennais auront connu l’enfer... jusqu’à cet éclair de la 73ème minute du joker Kaba Diawara.
Sur une belle ouverture de Mikaël Silvestre, l’attaquant stadiste marque de la tête et inscrit son troisième but (après Châteauroux et Guingamp) de la saison, et ce, au meilleur moment possible. Le vieux stade de la route de Lorient chavire de bonheur. Rennes prend enfin l’avantage et sauve virtuellement sa place en D1. Le dernier quart d’heure de la saison est crispant au possible. Guingamp inscrit un troisième but à Cannes (1-3), alors que Strasbourg domine Montpellier sur le score net et sans bavure de 3 buts à 0. Rennes doit absolument conserver son petit but d’avance, sinon la D2 ne sera plus un mauvais cauchemar mais une triste réalité.
Après quelques dernières sueurs froides, Monsieur Veissière, l’arbitre de la rencontre, délivre les joueurs de Guy David. Le public peut alors exulter, le Stade rennais jouera bien en première division l’année prochaine. Au bord du précipice, les « Rouge et Noir » ont trouvé les ressources nécessaires afin d’éviter les affres d’une descente à l’échelon inférieur. Après le match, on apprendra que Guy David et tout le staff technique « Rouge et Noir » étaient tenus informés de l’évolution du score des autres rencontres et notamment de celle de Guingamp à Cannes : « Aussi quand j’ai appris qu’En Avant menait 2 à 1, j’ai tout de suite fait rentrer Éli Kroupi » dira alors l’entraîneur breton. C’est finalement un autre attaquant rennais qui connaitra la réussite quelques minutes plus tard, et ce, pour le plus grand bonheur du coach marseillais et de toute la sphère stadiste.
Feuille de match complète
Rennes 1 - 0 Toulouse
Division 1, 34ème journée
9 mai 1998
Stade de la route de Lorient
Affluence : 18 883 spectateurs
But : K. Diawara (73ème) pour Rennes
- Rennes : Heurtebis - Brinquin, Capron, Rossi - Silvestre, Viaud (Kroupi, 63ème), Bigné (Grégoire, 76ème) - Huard, Weiser, Diawara, Goussé (Réveillère, 77ème). (Entr. : G. David)
- Toulouse : Gouaméné - Paviot, Arribagé, Galdamès, Santini (Tchimbakala, 46ème) - Strzelczak, Salaün (Loret, 77ème), Taborda - Moreau, Tiéhi, Maharzi (Patouillard, 30ème). (Entr. : Giresse)
Conséquences
Outre le bol d’oxygène sportif, François Pinault (et sa fortune) - alias le mécène des Champs-Géraux - très attaché au club de son enfance, avait promis qu’en cas de maintien du SRFC en première division, il y investirait de l’argent. C’est chose faite après cette courte mais salutaire victoire face à Toulouse. Celui qui avait contribué à l’arrivée du plus grand joueur rennais de l’histoire quinze années plus tôt - en l’occurrence Laurent Pokou - rachète alors le club de la capitale bretonne et intronise Pierre Blayau (PDG de Moulinex) comme président du Stade rennais. Déjà sponsor depuis quelques années, François Pinault débarque à la tête du club stadiste en mai 1998, avec des objectifs revus largement à la hausse. La première mission consiste à installer durablement le club au sein de l’élite hexagonale, pour ensuite le doter d’une importante assise financière et économique. Mais ce n’est pas terminé. Le président d’alors de l’énorme groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR) annonce qu’il a pour but suprême de décrocher le titre de champion de France dans les dix années à venir.
Sources :
- Archives Ouest France et France Football
- Source photos : srfc.frenchwill.fr
Vos réactions (10 commentaires)
brahimarveaux
17 février 2011 à 09h42article pas mal.. mais là c’est toulous rennes !!!!!!!!
Quel pied ce match. Les 4 derniers matchs étaient guichets fermés avec une Mordelles debout comme elle aurait toujours du le rester. La brinque torse poil qui monte au grillage. Quel souvenir de joueurs qui ont mouillé le maillot du stade pour de vrai...
Pinault22
17 février 2011 à 10h21Mais c’était contre Toulouse ce dernier match !!!
Louis G
17 février 2011 à 10h49Merci pour cette rétrospective...aujourd’hui nous ne sommes plus stressés par la descente en Ligue 2...nous espérons discrètement que le rêve de Mr Pinault se réalise et que l’on puisse aborder les Coupes européennes d’une façon pérenne...il y a sans doute encore du chemin à parcourir !...mais ne sommes -nous pas en bonne voie ?...si nous arrivons à confirmer dès dimanche prochain !!...
roazhonboy
17 février 2011 à 12h42J’étais présent pour ce dernier match de la saison 98 !! Très bon souvenir , ambiance de folie en mordelles bas !
En espérant revivre un dernier match de folie cette saison mais pas pour le même objectif !!
Dans l’espoir d’atteindre l’objectif de FP en 11 ans au lieu de 10 !!
Un éventuel titre de champoin de France 2011 pour les 110 ans du SRFC ! Ce serai PARFAIT !
LET’S GO ROAHZON !
the miz
17 février 2011 à 16h16Ce match m’a marqué,quelle peur ce soir là !
c’était l’époque ou on pouvait encore fumé dans les bars et je me souvient avoir tellement fumé, a cause du stress que j’en était malade après le match mdr.
Même si je considère que Pinault ne fait pas assez pour le Stade rennais il faut quand même bien avoué que ça aurait été une catastrophe pour nous de descendre puisqu’il ne serait pas venu en actionnaire majoritaire.
Léon
17 février 2011 à 18h43Rennes-Toulouse 1998, j’y étais tribune vilaine, un match stressant pour nous qui avions perdu gros, pensions-nous contre Guingamp à domicile...et puis défaite du club à Le Graët face au Havre, l’espoir renait. Deuxième mi-temps face à Toulouse, Kaba nous envoie au paradis de la L1....immense joie dans le stade !! Ce joueur ne sera resté qu’une saison en prêt à Rennes, mais il a marqué de son empreinte l’histoire des rouge et noir. Kaba Diawara a sa place dans le livre d’or du stade rennais, un sacré avant centre et j’ai été ravi de le revoir, route de Lorient, avec Arles-Avignon dernièrement.
pierrot21
18 février 2011 à 08h14Je me rappelle de l’arrivée de Diawara à la trève, on en menait pas large, et on considérait ce gars là comme le Messie, quel pied lorsqu’il marqua ce but à la dernière journée.
Je me rappelle aussi le but du Havre, il me semble que pouget fait une passe dans le but d’environ 40m sur une boulette défensive
Enfin , je me rappelle du mercato suivant avec l’arrivée des Arribagé, Nonda, Bardon, Cissé, Sommeil, Revault ou Salaun et de la présentation au public RDL, surement un des meilleurs mercato réalisé au stade si ce n’est le meilleur
bobbyjame’s
18 février 2011 à 11h14Dans cette périodes des trois derniers matchs de l’année....je me souviens aussi de notre dernier match à l’extérieur....après avoir perdu face à guigamp à la maison (je me souviens du parcage en tribune « pinault » avec le tag « guingamp, rippoz en paix ») nous allions chez les nantois et sur un coup franc drôlatique hésitant entre Bigné et Weiser, on égalise à 1-1 !! Puis le speaker de la baignoire qui prends tout son temps pour donner les scores des autres matchs à la fin de la rencontre....et
l’explosion de joie à la nouvelle de la défaite des costarmoricains en terre normande...!! Tout était encore possible...
« on pouvait s’épargner cette trouille » disait un vieux supporter...mais que d’émotions partagées ces soirs là entre rennais...!!
emmanuel cohu
20 février 2011 à 04h49Je me souviens de ce match j’avais 11 ans.Je me souviens de cette peur de ce stress qui avait envahi toute la tribune mordelle.Puis est venu notre sauveur qui ne sera resté que six mois mais qui restera à jamais dans l’histoire du stade rennais football club.Quelle joie à la fin du match je me revois encore sauter dans les bras de mon père.J’ai aujourd’hui 24 ans mais cela restera un match qui sera à jamais gravé dans mon coeur............