Un Néerlandais de plus en « Rouge et Noir »
Publié le 26 janvier 2011 à 09h30 parCe mercredi, l'attaquant John Verhoek devrait officiellement devenir le cinquième joueur néerlandais à intégrer le Stade rennais. De Karel Bonsink à Mario Melchiot en passant par Erik van den Boogaard et Arnold Oosterveer, retour sur le profil et les passages de ses prédécesseurs.
Karel Bonsink, le pionnier oublié
Qui se souvient de Karel Bonsink ? Rares sont ceux qui ont conservé dans leur mémoire la trace de cet attaquant, le premier Néerlandais à avoir posé ses valises en Bretagne.
C’était à l’été 1981. Pensionnaire depuis quatre ans de la deuxième division, le Stade rennais cherche alors à retrouver l’élite. La route vers la D1 passe par une attaque performante, et le club engage alors deux attaquants étrangers : le Congolais François M’Pelé, qui a fait jadis les beaux jours du Paris Saint-Germain et qui arrive à Rennes en fin de carrière, et un ailier expérimenté en la personne du Néerlandais Bonsink.
Jusque-là, Karel Bonsink a connu un parcours atypique, allant dans les bons clubs, mais pour ainsi dire jamais au bon moment. Il fait ses débuts en Eredivisie en 1968, à 18 ans seulement, au DWS Amsterdam, dans sa ville natale. Champion des Pays-Bas quatre ans plus tôt, le DWS a déjà connu l’essentiel de ses heures de gloire quand Bonsink débarque chez les pros. Trop tard.
En 1971, l’attaquant est transféré au FC Utrecht, où il se fait réellement connaître, marquant une vingtaine de buts en trois saisons. Des performances qui pourraient lui ouvrir les portes des grands clubs bataves... mais c’est finalement l’exil en Belgique que choisit Karel en 1974. Recruté par le RFC Liège puis par le Daring Molenbeek, Bonsink réalise ses meilleures saisons dans le championnat belge.
L’année 1979 est enfin celle de la reconnaissance : le grand Ajax Amsterdam le recrute. Sauf que cet Ajax-là n’est plus que l’ombre de celui de Cruyff et Neeskens. Bonsink en profite pour glaner un titre de champion et une participation à la Coupe d’Europe des clubs champions, mais son équipe essuie les critiques et la parenthèse est courte. L’attaquant retourne à Molenbeek pour la saison 1980-1981.
C’est à ce moment-là qu’il rejoint la Bretagne pour occuper le côté gauche de l’attaque rennaise. En concurrence avec Gérard Saliné, Bonsink et sa tignasse brune apparaissent sur les terrains à vingt-cinq reprises en championnat, pour seulement dix-sept titularisations et quatre petits buts. Peu concluante, l’aventure bretonne prend fin dès l’été 1982. À 32 ans, le joueur choisit alors de monnayer son talent à Hong Kong, où il joue pendant deux saisons sous les couleurs de la Seiko Sports Association.
Par la suite, il entame une reconversion d’entraîneur, mais à l’exception d’une place d’adjoint au NAC Breda, Bonsink ne réussira jamais à exercer à un niveau supérieur à celui de la deuxième division néerlandaise. Il entraîne aujourd’hui et depuis 2001 le FC Hilversum, en Division 3 locale.
Erik van den Boogaard : "VDB", tout simplement
À l’époque où la période "yo-yo" du Stade rennais bat son plein, le séjour d’Erik van den Boogaard en Bretagne aura beaucoup œuvré au redressement du club. En 1987, Raymond Keruzoré, tout juste nommé entraîneur, a pour mission de reconstruire un édifice stable sur le champ de ruines qui avait été laissé la saison précédente.
Après quelques mois de tâtonnement, l’équipe se cherche encore une ligne d’attaque. Qui pour épauler le jeune Laurent Delamontagne ? Jean-Michel Bridier, l’ancien du Matra, ne donne pas vraiment satisfaction...
En plein hiver, un jeune néerlandais de 23 ans effectue un essai de trois jours. Son nom : Erik-Jan van den Boogaard. Formé au PSV Eindhoven, il évolue depuis 1985 au MVV Maastricht, un club qui - lui aussi - fait l’ascenseur entre la D1 et la D2 locale.
C’est donc un jeune inconnu évoluant en deuxième division néerlandaise qui convainc rapidement les dirigeants rennais de l’embaucher. Et ils ne le regretteront pas : dès sa première rencontre, en Coupe de France face à Baud (7-0), "VDB" ouvre son compteur. Suivront sept autres buts marqués en seulement douze matchs de championnat, un total suffisant pour faire du blond attaquant le meilleur buteur rennais de la saison.
Les deux saisons suivantes, van den Boogaard terrorise les défenses de deuxième division. Vingt buts en 1988-1989, quinze autres en 1989-1990, le Néerlandais se fait rapidement une place parmi les meilleurs « chasseurs de buts » de l’histoire du club. Le Stade rennais en profite, et remonte en D1 en mai 1990.
Tous les supporters rennais attendent avec impatience de voir leur coqueluche martyriser les défenses de l’élite, d’autant que le club vient de recruter François Omam-Biyik, auteur d’un grand Mondial avec le Cameroun. Finalement, ce souhait sera déçu : placé sur la liste des transferts pour raisons financières, "VDB" est vendu au FC Rouen, avec qui il marquera dix buts supplémentaires en 1990-1991. Sa carrière prend fin prématurément quelques temps plus tard, après une dernière saison à Lausanne, en Suisse.
Arnold Oosterveer, dure époque
Défenseur rugueux, Arnold Oosterveer n’a pas laissé un grand souvenir au Stade rennais. À sa décharge, ce libéro de grande taille ne tomba pas dans une époque propice aux louanges.
Formé au Alkmaar FC, il passe pro en 1984 au Telstar Velsen, une formation de deuxième division néerlandaise. Oosterveer s’y installe comme titulaire pendant deux saisons, avant d’être recruté par le grand club d’Alkmaar, l’AZ. Comme Bonsink à l’Ajax, il y tombe plutôt mal : l’AZ subit le contrecoup de ses années de gloire (champion et finaliste de la Coupe UEFA en 1981) et squatte le ventre mou du classement de l’Eredivisie. Titulaire, il dispute une soixantaine de matchs en deux saisons, puis choisit de s’exiler à l’étranger.
C’est en France, à Niort, qu’Oosterveer s’installe en 1988. Tout juste relégué de D1, le club des Deux-Sèvres tente de rebondir à l’étage inférieur, mais n’y parviendra jamais.
En octobre 1990, quelques mois après le départ de van den Boogaard, le Stade rennais peine. Après de bons débuts pour son retour en D1, le club enchaîne les contre-performances, notamment défensives. Coup de grâce, François Denis se blesse gravement, obligeant les dirigeants à chercher un renfort en défense centrale. Oosterveer sera celui-là.
Il devient rapidement un titulaire inamovible dans l’axe, même après le retour de Denis. Malheureusement, cette affirmation ne s’accompagne pas d’une amélioration des résultats. Après une première relégation en 1991, annulée par les rétrogradations administratives de Brest, Bordeaux et Nice, les Rennais remettent ça une année plus tard, après un barrage face à Strasbourg. La défaite catastrophe concédée à la Meinau (1-4) sera le dernier match d’Oosterveer sous le maillot rennais.
La saison suivante, il reste malgré tout en D1, recruté par Valenciennes. Coéquipier de Jacques Glassmann, il est ainsi un témoin privilégié de « l’affaire » VA-OM - même s’il ne dispute pas le match controversé - et boucle sa troisième saison de D1 par une troisième relégation consécutive.
Une issue qui scelle à 34 ans son séjour en France. Il termine alors sa carrière sous les couleurs de Heerenveen, en Eredivisie. Après avoir pris sa retraite sportive, il devient agent de joueur, et s’occupe notamment des intérêts de Klaas-Jan Huntelaar.
Mario Melchiot, l’école de l’Ajax
Dernier joueur néerlandais à avoir porté le maillot rennais, Mario Melchiot n’a eu besoin que d’une année pour marquer les esprits. Élégant balle au pied, offensif, il a également fait valoir son expérience, acquise aux Pays-Bas puis en Angleterre.
L’école de football de l’Ajax a toujours été une référence, et a fourni de nombreux talents à l’équipe nationale batave. Est-ce donc un hasard si le premier international néerlandais à revêtir le maillot rouge et noir du Stade rennais est issu de ce célèbre centre de formation ?
Mario Melchiot, né à Amsterdam de parents d’origine surinamienne, fait ses armes à l’Ajax, avec lequel il fait ses débuts professionnels en 1996. Trois ans plus tard, le défenseur fait le grand saut vers la Premier League, et signe à Chelsea. Avec les Blues, Melchiot connaît ses plus belles années, remportant notamment la Coupe d’Angleterre en 2000.
Après cinq saisons à Londres, dont trois comme titulaire indiscutable, il rejoint Birmingham où il reste deux ans. Là-bas, dans un club en difficulté, le Néerlandais connaît l’échec. Chahuté par ses supporters, il est finalement laissé libre en juin 2006.
Pierre Dréossi flaire le bon coup, et propose à Melchiot de le relancer via un contrat d’une année en France. Les saisons précédentes, le côté droit de la défense rennaise n’a pas connu de véritable patron. Le dernier titulaire en date, Jean-Joël Perrier-Doumbé, n’a pas convaincu. L’arrivée du Néerlandais, qui plus est peu onéreuse, est donc une véritable aubaine.
Sa saison 2006-2007 est très bonne, et Melchiot séduit le public. Il se mue également en buteur à trois reprises, à chaque fois sur coup de pied arrêté. Bref, si le Stade rennais parvient à se qualifier en fin de saison pour la Coupe UEFA, il le doit en partie à son nouvel arrière droit.
« Super Mario » réalise également une bonne opération. Relancé par son expérience rennaise, il réintègre en 2007 une sélection néerlandaise qui ne voulait plus de lui depuis son passage mitigé à Birmingham. En fin de contrat en juin, Melchiot décidera t-il de rester en Bretagne ? Finalement, l’appel de l’Angleterre et des pounds de Wigan fait pencher la balance en faveur d’un retour en Premier League.
Avec les Latics de Wigan, Melchiot dispute trois saisons supplémentaires comme titulaire, et devient même capitaine de sa nouvelle équipe dès son arrivée. En juin dernier, à 33 ans, il est parti vivre sans doute l’un de ses derniers challenges, en signant à Umm Salal, au Qatar.
- Sources photos : rwdm-fcbrussels.be (Bonsink), srfc.frenchwill.fr (van den Boogaard et Oosterveer)
Vos réactions (10 commentaires)
Louis G
26 janvier 2011 à 09h54Merci à Sylvain pour ce rappel car à part le dernier Néerlandais , je ne ne me souvenais plus beaucoup des autres !...je fais confiance à la cellule de recrutement du Stade Rennais qui ne s’engage pas à la légère et j’espère que Verhoek nous laissera un aussi bon souvenir que ses prédécesseurs qui sont venus du plat pays !...
Merci pour ce tour d’horizon des bataves rouges et noirs,
On peut souhaité la même réussite que VDB au petit nouveau.
belphegor
26 janvier 2011 à 10h37enfin un joueur qui , je le crois, ne reverra pas d Angleterre dans 6 mois....ces joueurs la on une mentalite exemplaire.....a renouveler plus souvent.....
SRFC Ever
26 janvier 2011 à 10h50Un grand merci pour cette article intéressant. Je souhaite la bienvenue à notre nouveau attaquant John Verhoek. En espérant qu’il fasse aussi bien (voire mieux) que VDB. Ayons confiance envers les dirigeants et notamment la cellule de recrutement.
Allez les Rouges et Noirs. Que cette année 2011 nous apporte quelque chose de sympas...
LeBretonDu37
26 janvier 2011 à 12h50Bonjour Ami(e) Supporters,
Merci de ce rappel de nos anciens joueurs et je me souvient très bien de Bonsink, à cette époque ou Rennes jouait devant...4000 spectateurs !
Mais ce joueur avait beaucoup de talent et je suis convaincu que s’il était resté l’année suivante, il serait devenu la coqueluche du stade....
Quant à Van Den Bogaard, celui là aussi restera à JAMAIS dans mes souvenirs d’enfance, il me faisait flipper et c’est en parti graçe à lui que je ... terrorisais mes camarades au foot ! Nostalgie .... Mais que devient-il maintenant, dommage que ce ne soit pas dit ( je vais aller sur Google pardi ... )
Nos amis Néérlandais ont quand même tjrs réussis à Rennes, alors bienvenu à Verhoek et à son tour de faire vibrer le stade pour nous supporters et surtout nos enfants pour que ceux-çi, à leur tour, se souviennent... et deviennent la vitrine de notre Stade Rennais !
Et graçe à tous ces joueurs dont je me souvient, j’essai à mon tour d’éduquer dans les écoles de foot ces valeurs là, tout en vivant à notre époque. C’est aussi ça la formation des éducateurs comme le post précédent, pour que ces enfants valorisent plus tard, beaucoup plus tard ce que NOUS nous vivons présentémment.
Amitiées sportives Ami(e)s Supporters.
P.S. : Alors Black, Blanc, Beur, OU est la différence ?
serali
26 janvier 2011 à 13h29oh la la , gerard saliné , je l avais oublié , 1 petit brun trapus qui courait vite sur son aile gauche , que de souvenirs
Léon
26 janvier 2011 à 14h17Très bon article, les joueurs hollandais ayant porté le maillot rouge et noir, ont dans l’ensemble bien réussi. Particulièrement VDB, un attaquant efficace, doté d’une excellente mentalité, qui a laissé une trace indélébile, route de Lorient. A l’occasion, j’aimerais que les dirigeants rennais l’invitent à donner le coup d’envoi d’une rencontre de championnat.Je suis persuadé que les supporters lui réserveraient une standing ovation ! Plus près de nous, Melchiot, aura fait une très bonne saison et contribué à l’optention du meilleur classement des rouge et noir en championnat.Bienvenue à John Verhoek et souhaitons lui la même réussite !!
nounours35
26 janvier 2011 à 17h46Bonjour à tous.Exellent article,c’est vrai que les joueurs hollandais venus jouer à RENNES n’ont jamais déçus.Bienvenu àVERHOEK jepense qu’il nous fera oublier GYAN et sera complémentaire avec MONTANO.Bonne adaptation chez nous.
ALLEZ RENNES
volpone60
26 janvier 2011 à 17h51Bon verhoek ( on dira varech cela fait plus local :-) )
s’est entrainé ce matin , ouf il n’arrive pas blessé !
j’ai regardé les vidéos sur youtube , ce ne sont que des petits extraits bien sur mais c’est vraiment un finisseur , il ne faut pas laisser trainer des ballons dans la surface avec un renard pareil et avec son gabarit , de la tête il semble redoutable
je ne sais pas combien de temps il va mettre pour s’adapter à la ligue 1 mais perso je le sent bien ce joueur
Bernard de Lancessouries
26 janvier 2011 à 18h01De beste vensen, John !
Pas de soucis pour lui et P Dréossi.
Les Néerlandais sont sérieux, travailleurs.
Ils aiment la France, un peu moins les Français...
Et moi, je sais pourquoi !