Lille, l’exemple à suivre ?

Dimanche, le Stade rennais tentera de garder sa cinquième place à Lille. Le champion de France est « un bon exemple de ce qu'il faut faire », pour Frédéric Antonetti. Mais les Bretons peuvent-ils s'inspirer du modèle nordiste ?

Au début des années 2000, le Losc et le Stade rennais jouaient dans la même cour. Dix ans plus tard, Lille fêtera dimanche son titre à Villeneuve-d’Ascq alors que le Stade rennais essayera de conserver la cinquième place. Entre Bretons et Nordistes, un « fossé s’est creusé », de l’aveu même de Frédéric Antonetti. Peut-il être comblé ?

Une même ligne directrice

Avant le dernier match de la saison, le coach affirme que « Lille est un bon exemple de ce qu’il faut faire ». C’est « un club qui fait le doublé et était légèrement devant Rennes il n’y a pas si longtemps ». En trois ans, le Losc a renforcé ses infrastructures (centre d’entraînement et stade en construction). Depuis le départ de Michel Bastos pour Lyon à l’été 2009, « ils ont retenu leurs meilleurs joueurs et amélioré leur effectif », constate Antonetti. Garder les meilleurs et enrichir l’équipe : voilà la politique du Stade rennais depuis l’été 2010. Une stratégie à la lilloise, illustrée par la prolongation de Yann M’Vila cette semaine. « Il y a les bases, assure Frédéric Antonetti. Ce qui m’a fait prolonger, c’est de continuer l’aventure un peu plus loin après avoir lancé autant de jeunes. Rennes est un belle maison du football français, mais il n’y a pas de honte à dire qu’il y en a cinq plus belles. »

Les limites de la comparaison

Avec des ventes de joueurs talentueux et deux qualifications récentes pour la Ligue des champions, le Losc s’est constitué un trésor de guerre. Le Stade rennais en a fait les frais en perdant Moussa Sow, actuel meilleur buteur de la saison : « Je me suis battu pour le garder mais la marge de manœuvre de Lille était plus importante que celle de Rennes », constate Frédéric Antonetti. Et la principale interrogation, au Stade rennais, est de savoir si le club, qualifié pour l’Europa League, a les moyens de garder ses meilleurs joueurs. Si Yann M’Vila a resigné, Nicolas Douchez est parti.

L’autre différence notoire entre les deux formations est le style de jeu. « Les Lillois m’ont impressionné par leur jeu offensif, observe ainsi Kader Mangane. Ils tentent, ils osent. Pour gagner des matchs, il faut marquer. C’est ça qui nous a rendu la saison difficile. Eux sont premiers et nous cinquièmes. J’espère que l’année prochaine, nous marquerons plus de buts. »

Rennes possède de plus, avec le meilleur centre de formation de France, un vivier de talents que n’a pas forcément Lille. Mais les Rouge et noir sont face à un défi : comment continuer à progresser alors que les derniers mois ont montré les limites de l’effectif ?

Pas de régularité sans argent ?

Selon Frédéric Antonetti, le problème se pose en termes comptables. « Le club vaut entre 50 et 60 points, que ce soit avec moi ou mes prédécesseurs. Je pose la question suivante : comment faire pour entrer dans la case 60-70 points ? J’ai les réponses mais je ne peux rien faire. » Les Rennais ont obtenu entre 53 et 61 points lors de sept dernières saisons alors que les Lillois ont effectivement dépassé cinq fois la barre des 60 points durant la même période. En gros, pour suivre Lille, il faudrait en priorité augmenter salaires et budget : « Plus vous avez de moyens, plus vous réduisez les incertitudes, selon la formule de Gérard Houiller. Par exemple, un gardien, qui vaut 10 millions d’euros, doit vous faire gagner 10 points alors que pour un gardien qui débute en Ligue 1, vous ne savez pas. »

Nicolas Auffray - Le Mensuel de Rennes

- Crédit photo : www.rennes.lemensuel.com